Faits et événements
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Marchands et banquiers Au 15ème siècle, les hommes d'affaires donnent naissance au capitalisme. Ces derniers sont très au fait des pratiques économiques, ayant à leur disposition des manuels (Pratiche di Mercatura). Dans ces livres on peut connaître les prixdes produits, les équivalences dans les différents systèmes de poids et mesures, les distances entre les villes. Ces hommes d'affaires développent leurs écoles. Il y est dispensé un enseignement très pratique, très près du réel. Ceux qui suivent cet enseignement partent ensuite dans les banques et les sociétés commerciales. D'autres pays européens ont leurs grandes familles de marchands. Ainsi la famille des Fugger en Bavière se fait remarquer dans le commerce des épices et de la soie. Plus tard les Fugger deviennent les banquiers des Habsbourg et financent en grande partie l'élection de Charles Quint. Les marchands suivent les grandes villes et les lieu économiques comme les ports. La Bourgeoisie La Renaissance voit surgir une nouvelle classe sociale qui est en relation étroite avec l'économie des grandes villes. Bien que déjà présente au Moyen Age, c'est au 15ème siècle que la bourgeoisie, s'affirme. Les bourgeois sont à la base de l'activité économique nouvelle. Ils savent faire croître leur argent et commencent à s'immiscer dans la vie politique. Les familles bourgeoises italiennes exposent leur puissance dans la construction de palais, par le mécénat. Les plus connus sont les Tornabuoni, les Médicis, les Rucellai et les Strozzi. En France, on retrouve Jacques Cœur et en Allemagne les Fugger. La petite et moyenne bourgeoisie conduisent leurs affaires dans le cadre de valeurs telles que la famille, le confort et l'éducation de leurs enfants Artistes et artisans L'artiste est mis en apprentissage très tôt, parfois à sept ans. Il est en premier lieu affecté à des tâches plutôt ingrates. Ensuite il devient l'assistant du maître. Si cela fonctionne bien, il s'installe à son propre compte. De ces ateliers sort tout type de marchandises : de la marqueterie, des enseignes, des étendards, des coffres ou du carrelage. Dans l'Europe du Nord on retrouve un artisanat qui produit des horloges. Le métier le plus réputé est celui de peintre. Andréa del Sarto, par exemple, part à sept ans dans un atelier d'orfèvrerie. Mais plus doué pour le dessin, le peintre Gian Barile l'initie à la peinture au détriment de l'orfèvrerie. La reconnaissance en tant qu'artiste permet d'obtenir une place plus importante dans la société. La situation florissante des artistes durant la Renaissance tient au système de commandes d'œuvres par les grandes familles et les princes. Les chevaliers L'idée d'une unité nationale prend corps durant la Renaissance. Cependant l'armée reste encore entre les mains de professionnels, loin de la conscription qui se fera dans les siècles suivants. L'Italie est le principal champ de bataille durant la Renaissance. Les chefs de guerre y sont engagés sous "condotta", contrat dans lequel est spécifié les gages perçus. Ce sont des personnes de métier, et en principe fidèles à ceux qui les emploient. Ils sont cependant confrontés à un problème: il ne peuvent détruire complètement un adversaire si cela est possible, risquant de se retrouver sans travail,car s'engageant pour un ennemi une fois le contrat terminé n'est pas jugé comme immoral. Les états et les villes qui les emploient se sentent fragilisées, devant trop à ces guerriers et craignent parfois leur trahison. Les plus connus des ces guerriers en Italie sont Gattameta qui a toujours combattu pour Venise et Bartolomeo Colleoni, chef des armées vénitiennes. Carmagnole, quant à lui, trahit le duc de Milan. Arrêté, il est jugé et décapité en 1432. Cette condition peut être d'un bon rapport financier puisque Bartolomeo Colleoni a à sa mort une fortune évaluée à 240 000 ducats, l'équivalent d l'héritage de Cosme de Médicis. L'unification des nations tend à diminuer l'activité de ces mercenaires. Machiavel prononce leur condamnation : "Les mercenaires et auxiliaires ne valent rien et sont fort dangereux ; et si un homme veut fonder l'assurance de son état surles forces mercenaires, sans discipline, déloyales, braves chez les amis, lâches devant l'ennemi, elles n'ont point de crainte de Dieu ni de foi avec les hommes, et l'on ne diffère la défaite qu'autant qu'on diffère l'assaut ; en temps de paix, tu seras pillé d'eux, en temps de guerre, des ennemis." Des ordonnance nouvelle pour le métier d’Épicier. En 1450, les maîtres épiciers sont reçus à la cour du prévôt. Ils sont venus réclamer un règlement de fabrication et de vente, et là encore nous retrouvons les anciens épiciers chandeliers du 14ème siècle représentés par leurs maîtres Jean Chevart, Guillaume dit de Paris, Colin Laurens, Jean Bachelier et Jean Asselin. Le règlement qu'ils obtiennent porte sur la fabrication des bougies ou cierges et la vente des « saulces ou espicerie » qu'ils débitaient dans leurs « ouvroirs ». La bougie doit être faite moyennant dix bougies à l'once à peine de confiscation. le fabricant devait de plus y imprimer sa marquepersonnelle préalablement déposée au bureau des jurés et chez le prévôt, pour qu'il fût très facile de retrouver les délinquants en cas de fraude. Les épiciers tenant et vendant « saulces, comme canneline, saulce vert, saulce rapée, saulce chaude, saulce à composte, moustarde et aultres saulces », devront les composer de bonne qualité à peine de 10 sols d'amende, suivant les ordonnances « du mestier des saulces ». Les épiciers forains devaient faire visiter leurs marchandises par les jurés avant que de les mettre en étal. Ceux-ci étaient tenus de déférer à cette invitation d'examen dans la journée du lendemain au plus tard. Quant aux épiciers établis dans les villes, ils ne pouvaient rien acheter aux forains avant la visite des jurés. Vers le milieu du 14èmesiècle, grâce au négoce avec les pays du Levant, les épiciers se fournissaient plus facilement de drogues et produits levantins dont la mode s'empara. Il fut alorsde bon ton de s'offrir réciproquement des « espices ou drogues » en cadeau, et il arriva souvent que pour hâter les juges somnolents, le client riche recourut à ces « blandices ». Les magistrats acceptèrent d'abord timidement, puis ouvertement, si bien qu'en moins d'un demi-siècle les épices se payaient couramment en toutes causes. En 1483, les choses en étaient arrivées à un tel point que tout le monde des plaideurs réclamait à grands cris une taxe qui limitât un peu les extorsions des juges. Alors le nom seul était demeuré, mais les épices s'étaient changées en bons deniers comptants. Les Bouchers Au Moyen Age à Paris le bétail était vendu par des vendeurs attitrés dans deux marchés aux bestiaux. Souvent les bouchers allaient chercher le bétail loin de Paris ou le faisaient acheter par des courtiers; dans tous les cas, il leur était défendu de porter préjudice à leurs confrères en allant au-devant des troupeaux pour les acheter avant leur entrée dans la ville. A l'origine, en France, la viande paraît s'être vendue au poids; mais de bonne heure on la vendit au morceau. On essaya plusieurs fois d'établir une taxe, mais sans grand résultat ; et, en somme, les bouchers gagnèrent toujours à peu près ce qu'ils voulurent. Un de leurs profits en nature était encore la fonte du suif, qui passait ensuite entre les mains des chandeliers. Un boucher recevait l'adjudication de la viande nécessaire a l'entretien de la maison du roi; et comme fournisseur du roi, il avait le droit de prise, c'est-à-dire le droit de choisir les têtes de bétail avant leur arrivée au marché public; ce privilège donnait lieu à d'innombrables abus. Les bouchers avaient le droit de vendre et de travailler les jours fériés; d'abord, ils durent observer tous les dimanches de l'année, et de plus une douzaine de fêtes; par la suite on leurpermit d'ouvrir leurs étaux tous les jours, au moins pendant une partie de l'année. Sans parler des règlements qui les obligèrent à partir du 16ème siècle à se présenter tous les ans devant le magistrat de police, à la fin du Carême, pour y continuer le bailde leurs étaux et prendre l'engagement de les desservir, un grand nombre de dispositions avaient été prises pour sauvegarder contre eux la salubrité publique et les empêcher de rendre inhabitables les quartiers où ils avaient élu domicile. C'est ainsi qu'au 14ème siècle on défendit aux bouchers de la montagne Sainte-Geneviève de jeter dans la rue le sang et les débris provenant des animaux qu'ils avaient abattus. Au Moyen Age, la maison de la corporation, était situé près du Châtelet, du côté de la Grande Boucherie: c'était là que le maître et les jurés tenaient leurs séances, et, dans certains cas, rendaient la justice et punissaient ceuxqui avaient contrevenu aux statuts du métier. La corporation avait un sceau qui était apposé au bas des actes qui l'intéressaient, tels, par exemple, que les contrats d'apprentissage. Au 15ème siècle, la confrérie que les maîtres bouchers avaient à Saint-Jacques portait le nom de « Confrairie de la Nativité de Notre-Seigneur aux maistres bouchers de la ville, enla chapelle Saint-Loys »; et, au 18ème siècle, il existait encore, à un des angles de la Boucherie, un bas-relief de cette époque représentant la Nativité. La fête de la corporation n'avait pas lieu le même jour dans toutes les villes; la Saint-Barthélemy, la Saint-Hubert, la Saint-Nicolas, la fête du Saint-Sacrement, la fête de l'Annonciation, étaient les jours le plus fréquemment adoptés pour ces sortes de solennités. Si les saints patrons étaient différents, les armoiries et les bannières ne l'étaient pas moins; cependant il est à remarquer que le boeuf marchant, y dominait: allusion naturelle à l'animal qui faisait le principal objet du commerce des confrères. Ailleurs, nous trouvons le bélier; les bouchers de Rennes firent figurer dans leurs armoiries une figure du Christ; ceux de Dinan, un saint Jean; ceux de Lille, un saint Barthélemy; ceux de Cambrai, un saint Hubert; ceux de Douai, une Vierge. Les privilèges des bouchers de Paris, en ce qui concernait la justice, furent confirmés par Henri II en 1550, et ils ne perdirent définitivement cette prérogative qu'en 1673, lorsqu'on réunit toutes les justices à celle du Châtelet. Nul ne pouvait être reçu maître s'il n'était fils de maître ou avait fait 3 ans d'apprentissage et 3 ans de service dans une boucherie. Les fils de maîtres, pourvu qu'ils eussent servi pendant 3 ou 4 ans, étaient dispensés du chef-d'oeuvre, lequel consistait à mettre un boeuf, un veau, un mouton et un porc, en état d'être vendus sur l'étal. Les fils de maîtres pouvaient devenir maîtres à 18 ans,les autres à 24 seulement. Quatre jurés, élus tous les 2 ans par lacommunauté des maîtres, devaient veiller à l'observation de ces statuts. Ils avaient encore la charge de visiter les animaux qui devaient être abattus, «et surtout ne permettre qu'aucunes bestes mortes ou malades soient vendues ou débitées au peuple, pareillement les chairs trop gardées, indignes d'entrer aucorps humain, à peine d'amende que payera le maître boucher qui sera trouvé y avoir contrevenu.» Tels furent les règlements qui restèrent en vigueur jusqu'à la Révolution. Quant à la liberté de boucherie, bien qu'elle ait existé momentanément dans certaines villes, à Chartres par exemple, elle ne fut en somme, sous l'Ancien Régime, qu'une exception. Les Armuriers La fabrication des armes occupa naturellement au Moyen Age un grand nombre d'ouvriers; il arriva même parfois, tant les guerres étaient fréquentes, que la fabrication des armes fût insuffisante. En 1412, pendant les terribles guerres civiles qui ensanglantèrent alors la France, les commandes d'armes étaient si nombreuses qu'à Paris les armuriers n'y pouvaient suffire. Le roi dut laisser chacun libre de s'improviser fabricant d'armes. Pour la fabrication des armes de guerre, tous ces métiers finirent par se fondre, vers le 15ème siècle, en une seule corporation qui prit le nom d'armuriers. A Paris, ils étaient presque tous groupés dans une rue qui s'appelait la rue de la Heaumerie, ainsi nommée d'une maison où pendait pour enseigne un heaume. Enfin restent les armes de trait. Parmi les fabricants de ces armes, on eut d'abord les arctiers, qui faisaient les arcs; il y en avait de plusieurs sortes: les arcs français, faits de bois d'érable, de viorne, ou d'if; les arcs anglais, plus longs que les nôtres, et les arcs turque, constitués par deux cornes soudées l'une à l'autre et dont les pointes étaient réunies par un ressort d'acier. Toutes ces armes lançaient à une centaine de mètres au plus des flèches de 50 centimètres de long, empennées de plumes de poule, et munies d'une forte pointe métallique. Puis vinrent les arbalétriers, qui fabriquaient une arme déjà plus redoutable, car elle envoyait à la distance de deux cents pas des gros traits dits bougeons ou bougons, préparés par les bougeniers ou bougonniers. Cette profession était aussi parmi les métiers une des plus considérées. Ceux qui en exerçaient une des branches, revendiquaient entre autres privilèges celui de ne pas fournir de soldats au guet de Paris : ainsi, les arctiers, ou fabricants d'arcs, étaient affranchis de cet ennui, parce que, lit-on dans leurs statuts, leur métier « est pour servir chevaliers et écuyers et sergents et est pour garnir châteaux ». Des Nouveaux jeux apparaissent. Retour du vainqueur au Jeu du Papeguay, Le jeu du papeguay, qu'on pourrait assez justement appeler le Tournoi de la bourgeoisie, remonte au commencement du 14ème siècle. C'était un tir à l'arc, à l'arbalète ou à l'arquebuse, dont le vainqueur prenait le titre de roi. Au 15ème siècle, cette coutume encouragée par les rois de France, dans le but d'engager l'élite des bons citoyens à apprendre l'exercice de l'arbalète, de l'arc et l'arquebuse,avait donné lieu à la formation dans chaque province de corporations assez puissantes, et jouissant de privilèges assez considérables. Des ordonnances rendues en 1407 et 1471 avaient accordé à celui qui abattrait une fois le papegault l'affranchissement des tailles, aides, dons, emprunts, quêts, arrière-quêts, gardes deportes, et de tous autres subsides personnels, avec attribution de noblesse héréditaire, place et rang aux états, à celui qui l'abattrait trois fois. Du Guesclin, y avait remporté dans sa jeunesse, au champ Jaquet, à Rennes, le prix du papeguay et de la lance. Les exercices du papeguay avaient lieu presque toute l'année, ordinairement le premier dimanche de chaque mois. Mais les fêtesde la compagnie n'avaient lieu qu'une fois l'an, dans quelques provinces, au mois de mars; dans d'autres, au mois de mai. A cette époque, les chevaliers se réunissaient quatre dimanches de suite pour tirer le joyau, et le vainqueur de chaque journée tirait toujours le premier à la journée suivante. On élevait sur une tour un mât soutenu de chaque côté par des haubants, on plaçait l'oiseau sur l'extrémité, et on le tirait d'en bas presque perpendiculairement. On le trouvait en usage dans la plupart des provinces de France, en Bretagne, en Dauphiné, en Provence, en Gascogne, tantôt sous ce nom, tantôt sous celui de tir à l'arbalète, et aujourd'hui encore nous l'avons vu conservé dans quelques petites villes, dans le Soissonnais, par exemple, par des compagnies organisées militairement sous le nom de compagnie de l'arc. Dès le milieu du 17ème siècle, on avait enlevé à la plupart des compagnies leurs privilèges les plus importants ; aujourd'hui il ne leur en reste plus d'aucune sorte. Quant à l'étymologie du mot papeguay, papegay ou papegault, les Italiens appellaient le perroquet papagallo ; les Espagnols papagayo. En France, au 12ème siècle, papegault ne signifiait rien autre chose que le perroquet. Dans tous les tirs à l'arc, l'oiseau était le plus souvent en bois ou en carton, presque toujours peint en vert, et sinon imitant parfaitement le perroquet, ayant au moins la prétention de luiressembler. L’Église En pleine crise Le Grand Schisme débute avec l’élection d’un pape italien, Urbain VI, en 1378. Treize des cardinaux qui l’avaient élu, français pour la plupart, consternés par son comportement incohérent, déclarèrent l’élection invalide et choisirent un nouveau pape, un Français, Clément VII. Urbain se vengea en excommuniant Clément et ses fidèles et en créant son propre collège. Le schisme Le Roi de France Charles VI était privé de sa raison; la Reine Isabeau de Bavière trahissait l'État. Les deux factions des Bourguignons et des Orléanais dits Armagnacs, désolaient le royaume. Les Anglais intervenaient, fatalement appelés dans ces différends. Le duc d'Orléans, frère de Charles VI, venait d'être assassiné en1407 dans une rue de Paris par un homme du duc de Bourgogne: des prédicateurs faisaient en chaire l'apologie du crime et celle du prince qui l'avait fait exécuter. Enfin, Rome redevenue République, après avoir chassé les deux pontifes rivaux, était administrée par un corps sans puissance qui prenait ridiculement le titre de Sénat romain. C'est à cette époque qu'une ambassade vraiment extraordinaire fut envoyée par le Roi de France auprès des deux papes, pour les engager, par la persuasion ou par la menace, à cesser de troubler la paix de l'Église. Le personnel remarquable de cette ambassade se composait du patriarche d'Alexandrie, de l'archevêque de Tours, des évêques de Cambrai, Meaux, Troyes et Évreux, des abbés de Saint-Denis, de Clairvaux et plusieurs autres, de trois seigneurs séculiers, de Gerson, chancelier de l'Université de Paris, et de plus de vingt autres docteurs. Les ambassadeurs avaient mission d'annoncer aux deux pontifes la soustraction de la France à leur obéissance, s'ils refusaient, par la cession de l'un deux, de dédoubler le suprême pontificat. Savone était le lieu fixé pour les conférences. Grégoire XII, qui se trouvait en ce moment à Marseille, parut d'abord disposé à céder; mais Benoît XIII montra plus de résistance. La tiare a, comme les autres couronnes, un prestige auquel on renonce difficilement. Grégoire netarda pas à revenir de son premier bon mouvement, et les deux papes ennemis s'accordèrent dans le refus de se rendre à Savone où l'on devait travailler à l'union. Grégoire XII envoya des ambassadeurs à la cour de France. Les ambassadeurs français allèrent expliquer leurs vues devant le prétendu sénat romain; ils s'abouchèrent avec les cardinaux de Benoît XIII, avec les cardinaux de Grégoire XII: car, s'il y avait alors deux papes, il y avait aussi deux sacrés collèges auxquels les ambassadeurs présentèrent des requêtes. Bientôt Benoît XIII lance l'excommunication sur tous ceux qui favorisaient la voie de cession; GrégoireXII fait de nouveaux cardinaux et est abandonné par les anciens qu'il excommunie. Benoît XIII publie contre la France une bulle foudroyante: elle est lue et déchirée dans le conseil du Roi. La soustraction d'obéissance aux deux papes est proclamée par lettres patentes, avec le consentement des grands et du clergé. Alors Benoît XIII se retire à Perpignan où il fait aussi sa promotion de cardinaux. Enfin, un concile général est convoqué à Pise en 1408 par les cardinaux des deux obédiences. En même temps Benoît XIII convoque un concile dans le Roussillon, tandis qu'un concile national est réuni à Paris. Cependant le schisme s'était étendu: l'évêque de Liège, assiégé dans Maëstricht par ses diocésains, y trouvait une fin tragique. L'archevêque de Reims, se rendant au concile général, était assassiné à Gênes. La papauté a perdu une grande partie de sa crédibilité lors de son séjour à Avignon et pendant toute la durée du Grand Schisme. Pour sortir de la crise, évêques et cardinaux décident de donner au concile une autorité supérieure à celle du pape. Mais cette tentative de réforme échouera devant le refus dessouverains pontifes de céder une partie de leur suprématie monarchique. La papauté poursuit son déclin. C'est dans cette triste situation du monde chrétien que s'ouvrit, en 1409, le concile de Pise. la crise conciliaire En 1409 à Pise, évêques et cardinaux sont réunis pour tenter de trouver une solution au Grand Schisme, qui divise la papauté en deux camps irréconciliables depuis 1378. Une idée s’impose: déposer les deux papes du moment, Benoît XIII et Grégoire XII, et les remplacer par un nouveau souverain pontife. Les pères conciliaires élisent Alexandre V. Mais les deux papes évincés refusent d’abdiquer. La chrétienté a désormais trois souverains pontifes. Lorsque, un anplus tard, Alexandre V meurt, Jean XXIII prend aussitôt sa place. La situation devient impossible. Sigismond, fils de l’empereur Charles IV, convainc Jean XXIII (pape déclaré non canonique par la suite, ce qui a permis au cardinal Angelo Giuseppe Roncalli de reprendre ce nom en 1958) de convoquer un nouveau concile. Le 16 novembre 1414 s’ouvre le concile de Constance qui admet en son sein des universitaires, s’ouvre dans une relative tranquillité. Il s’achèvera quatre ans plus tard après avoir mis fin à la crise. L’Église tente d’adopter des réformes pour museler les hérésies et affirmer la supériorité du concile sur le pape. Trois papes sont déposés avant que l’élection de Martin V ne réunifie le clergé. En effet, Jean XXIII consent à abdiquer, à condition que ses deux rivaux en fassent de même. Grégoire XII est d’accord et abdique le 4 juillet 1415. Sans attendre la réponse de Benoît XIII, qui s’obstinera dans son refus, Jean XXIII s’enfuit, pressentant sans doute que les choses vont maltourner pour lui. Il sera en effet considéré comme un usurpateur par la suite. Le 6 avril 1415, il publie Sacrosancta, un décret resté célèbre, qui affirme que le concile «tient son pouvoir directement du Christ; tout homme, quel que soit son état ou sa dignité, cette dernière fût-elle papale, est tenu de lui obéir pour tout ce qui touche à la foi et à l’extirpation du schisme susdit, ainsi qu’à la réforme de la susdite Église de Dieu dans sa tête et dans ses membres». Grégoire XII étant mort le 18 octobre 1417, le concile de Constance élut à l'unanimité 11 novembre 1417 un seul pape le romain Odon Colonna qui prit le nom de Martin V. Ce même concile rappela conformément à la règle envigueur dans l'Église Chrétienne du premier millénaire, que seul le Concile oecuménique (assemblée des évêques de toute la terre) est l'organe suprême en matière d'autorité et d'enseignement au sein de l'Église. Maintenant le concile pouvait s'occuper de son deuxième objectif la lutte contre deux hérésies nées à l'Université. Comme le père de la première hérésie : l'anglais John Wyclif était déjà mort, il ne restait qu'à régler le casde Jan Huss son disciple. Prêtre, doyen et recteur de l'université de Prague, il avait développé les idées de réforme de l'anglais Wyclif, en prononçant des sermons contre les erreurs du catholicisme. Excommunié en 1411 et 1412, il prit position contre l'antipape Jean XXIII. Cité à comparaître devant le concile de Constance en 1414, il s'y rendit avec un sauf-conduit de l'empereur Sigismond, qui ne lui servit à rien. Le 6 Juillet 1415 Jan Huss est brûlé vif à Constance! Le Grand Schisme est terminé. Échaudés par cette terrible expérience, les pères conciliaires ont décidé, avant l’élection du nouveau pape, que les conciles se réuniront sur une base régulière. Le calendrier des réunions sera plus ou moins tenu au début. Mais très vite, les papes s’opposeront à toute velléité de réforme et à tout amoindrissement de leur pouvoir monarchique. Aucun pape ne respectera le décret Sacrosancta. Néanmoins, la papauté retrouvera un fonctionnement administratif normal durant le 15ème siècle, sans pour autant récupérer sa légitimité morale. Après l’échec du concile de Pavie en 1424, Martin V convoque, comme le prévoit le calendrier élaboré à Constance, un nouveau concile à Bâle en 1431. La réforme est à l’ordre du jour, et les pères conciliaires, parmi lesquels les universitaires forment la majorité, manifestent d’emblée leur hostilité à la suprématie monarchique du pape. Nombreux sont les pères qui estiment que la souveraineté en matière de foi et de gouvernement doit revenir au corps de l’Église, c’est-à-dire à la foule des croyants. La majorité soutient que le concile a une autorité supérieureà celle du pape, qui reste toutefois nécessaire pour assumer le pouvoir exécutif. La grande réussite du concile de Bâle est d’abolir les excès du système fiscal du Saint-Siège. En 1433, invoquant la maladie, le nouveau pape italien Eugène IV n'ose pas se présenter au concile de Bâle qu'il voulait oecuménique, et en l'absence de l'Église d'Orient, il le nommera Concile Général. Profitant de son absence, les évêques réaffirmèrent la supériorité d'un concile d'évêques par rapport à la voix d'un pape. Eugène en profite pour transférer le concile à Ferrare, puis à Florence, où il négocie avec les Grecs. En 1438, afin de pouvoir faire face à la grande menace turque, l'Église d'Orient donne son accord de participation à un concile oecuménique sous réserve qu'il se situe sur les bords de la Mer Adriatique afin qu'en cas d'attaque turque les orientaux puissent retourner rapidement dans leur pays. Eugène IVtransféra donc le concile de Bâle à Ferrare. Le pape et le patriarche de Byzance se rencontrent le 24 janvier 1439 à Ferrare. Un moment interrompu par une épidémie de peste, le concile s'enlisa seize mois sur la version byzantine du Credo de Nicée. Mais en 1440 une avancée turque et la mort du patriarche Joseph de Constantinople accélérèrent une rapide proclamation d'union (Alliance) entre les deux Églises qui n'entra jamais en vigueur! ... Eugène put retourner à Rome mais à Byzance ni le monde orthodoxe grec, ni l'Église slave n'acceptèrent cette union sacrée. A part quelques centaines de soldats vénitiens et génois venus défendre leurs intérêts, Constantinople, la vieille Byzance assiégée par les turcs en 1453 sera abandonnée par l'Occident à son sort! Appelée désormais Istanbul elle sera jusqu'en 1923 la capitale de l'État turc. Même si la majorité des prélats comprirent le but du transfert du concile à Ferrare, quelques évêques et 300 ecclésiastiques considérèrent ce geste comme un abus d'autorité et s'y opposèrent en élisant le 5 novembre 1439 un antipape Félix V (Amédée, Duc de Savoie) qui ne fut reconnu que par la Lituanie et la Pologne. Agé de 56 ans, intronisé sous le nom de Félix V, le nouveau pape est un heureux homme, bon vivant et pétri de bonne volonté. À dix ans, il a été marié avec faste à Marie, fille du puissant duc de Bourgogne, âgée de 17 ans! Ce mariage consommé dix ans plus tard s'avère des plus heureux. En vingt ans, Marie donne le jour à sept enfants avant de mourir en couches. Amédée avait élargi son domaine sous l'œil vigilant de son beau-père. Né comte, il acquiert le titre de duc. Désabusé, Félix Vabdique de son pontificat dix ans plus tard. Son renoncement met un terme final au Grand Schisme. Le nouveau pape, Nicolas V, décidément bon prince, nomme son rival évêque de Genève, légat pontifical et cardinal du Sacré Collège! Amédée meurt en 1451, vénéré de tous. La crise conciliaire prend fin en 1449. Isolé, Félix V abdique. Le conciliarisme, s’il a contribué à sortir l’Église du Grand Schisme, a échoué dans sa prétention à réformer l’Église, en butant sur le refus des papes de voirdiminuer leur pouvoir monarchique. Le déclin de la papauté et de la vie religieuse se poursuit. En Italie, la Renaissance emporte les hommes dans un grand tourbillon artistique et politique, et ne manque pas de happer la papauté, qui à vrai dire n’oppose aucune résistance. A nouveau, la spiritualité fait les frais de papes qui nepensent qu’au luxe et à la politique. Nicolas V fait de Rome une capitale culturelle, et ordonne la reconstruction de Saint-Pierre et de la ville. Son successeur Calixte III, le premier des Borgia, a recours au népotisme. Sixte IV, à qui l’on doit la construction de la chapelle Sixtine, transforme la monarchie pontificale en une grande puissance italienne. Le Saint-Siège est pris dans les imbroglios de la politique italienne et entretient des relations pacifiques ou guerrières avec les nations d’Europe. Avec Innocent VIII, la papauté du 15ème siècle touche le fond: corruption, vénalité, népotisme, faux privilèges, fausses bulles, intrigues sont des mesures courantes. Son successeur Alexandre VI Borgia achète son élection. Sous son règne, des fêtes organisées à la cour papale tournent à l’orgie. Le pape est lui-même le père de Lucrèce et César Borgia, de sinistre réputation. Le dominicain florentin Savonarole, qui s’en prend violemment aux abus de l’Église meurt sur le bûcher en 1498. Si la papauté se refuse à toute réforme, de peur de perdre ses privilèges, quelques velléités de redressement se font jour dans le monde catholique. Cependant, elles sont trop isolées pour susciter un mouvement d’ampleur. Nombreux sont pourtant les hommes et les femmes qui cherchent un approfondissement de leur vie spirituelle. L’anticléricalisme ne diminue pas la ferveur religieuse. Grâce à l’apparition de l’imprimerie, le retour à la Bible s’accentue. L’accès facilité au Nouveau Testament, notamment dans sa version originale grecque, et aux Pères de l’Église, permet de mieux comprendre quelles ont été la vie et les pratiques des premiers chrétiens. Le souhait d’une foi directe, qui ne passe pas par l’intermédiaire d’un prêtre et des sacrements, mais qui se joue dans l’intimité de la relation entre l’homme et le Christ, touche de plus en plus de croyants au Nord. L’Église et ses relations avec le pouvoir en France Lors de la pragmatique sanction de Bourges en 1438, le Roi Charles VII et le clergé français refusent au pape d'intervenir dans la vie de l'Église de France. Le Moyen Age s'achève lentement, et surgissent ici et là des hommes dont les regards et les désirs se veulent tournés vers un avenir qu'ils pressentent comme nouveau et positif. L'apparent paradoxe, c'est que ce sont des humanistes, c'est à dire des savants oeuvrant à la redécouverte de la littérature et des philosophies gréco-latines qui réclament des changements dans tous les domaines. Rabelais, jeune moine érudit écrit à Budé, le plus grand savant de France, qu'il est grand temps de se tourner vers la lumière de l'intelligence et du savoir.Il ne comprend pas que certains se complaisent encore dans les brouillards d'une époque révolue. Bien des hommes refusent pourtant les évolutions qui s'opèrent malgré eux. D'où le conflit, mortel pour celui qui y prend part sans certaines précautions. On ne plaisante pas à cette époque avec les idées et ceux qui seront jetés sur des bûchers pour une phrase ayant déplu à tel ou tel censeur. Il n'y a que deux possibilités: s'allier au pouvoir politique ou prendre lepouvoir religieux. Le moine Rabelais devient le protégé des Du Bellay, et le moine Luther celui de Frédérique Le Sage. Le premier frôle à plusieurs reprises l'emprisonnement, et le second crée sa propre Église. Car c'est sur le terrain religieux que les choses vont se jouer. La force qui s'oppose le plus aux évolutions et aux nouveautés reste l'Église. Tout du moins une partie agissante, nantie et dotée du pouvoir de juger. Contrairement à ce qu'on pourrait penser ce ne sont pas que des membres du haut clergé qui freinent les changements. Il est des évêques qui sont conscients des réformes nécessaires à l'insertion de la foi dans un monde qui bouge, qui ne se satisfait plus d'une croyance béate, et dont le discours est en complet décalage avec les pratiques scandaleuses de certains. Maisce sont les théologiens, coupés des réalités du monde, et parmi ceux-ci les français de la Sorbonne, qui occupent une place centrale dans l'opposition à toute pensée nouvelle. Ils ont sur les questions religieuses une approche scolastique héritée du Moyen Age. L'Église et ses théologiens ne sont pas seuls du côté de la tradition. Le pouvoir politique en est aussi, qui évoluera d'un côté ou de l'autre, selon ses intérêts. L'État a sa part de responsabilité dans la répression et le contrôle des consciences en instituant la censure. François 1er pourtant favorable à la nouveauté s'effraye des conséquences des idées nouvelles sur son propre pouvoir. Favorable aux Humanistes, il va s'opposer à la Réforme luthérienne. Son conseiller Antoine Duprat l'y incite tant par conviction que par intérêt personnel, naturellement porté dans ce sens par crainte du changement et la difficulté de maîtriser ce nouveau vecteur d'information et de liberté de conscience qu'est Le Livre. Un siècle qui marque la fin de la scolastique et le début de la renaissance Les 14ème siècles voient le déclin de la scolastique face à des mouvements mystiques. Le nominalisme propagé par Guillaume d'Occam propage une défiance vis à vis de la raison. La théologie protestante sera elle radicalement augustinienne. C’est entre 1354 et 1356 que le bénédictin Pierre Bersuire traduisit à la demande du roi Jean le Bon, les trois Décades que l'on connaissait alors de Tite-Live. Il ouvre ainsi la grande série des traductions des règnes de Charles V et Charles VI qui rendirent accessibles à un public élargi bon nombre d'oeuvres antiques, et répandirent dans les milieux aristocratiques un modèle culturel émané de l'entourage royal, qui perdura parfois jusque vers le milieu du 15ème siècle. A l'extrême fin du 14ème siècle, le duc Jean de Berry, comte de Poitou, et frère du roi Charles V, fit composer par Jean d'Arras un roman généalogique à la gloire de la famille poitevine des Lusignan. Une légende très ancienne la faisait remonter à la fée Mélusine, la "Mère-Lusine". Jean d'Arras a su mêler dans son récit deux thèmes traditionnels de la littérature populaire et orale, celuide la transgression d'un tabou et celui de la déesse-mère. Il crée ainsi un roman de type nouveau, bien différent des nombreuses mises en prose contemporaines inspirées par Charlemagne ou le roi Arthur. Au Concile de Florence en 1439, le cardinal Nicolas de Cuse réussit à unifier les Églises d'Orient et d'Occident autour de l'idée fondamentale que tous les hommes sont créés à l'image de Dieu, jetant par là même les bases du grand projet de Louis XI, l'unité politique et économique. Ces idées avaient été transmises depuis saint Augustin à Dante Alighieri et aux Frères de la vie commune, dont le fondateur, Gerhard Groote, créa de nombreuses écoles en Allemagne,en Suisse, en Bourgogne, en Flandre, aux Pays-Bas et dans certains endroits en France. Ces écoles réunissaient des élèves issus de familles modestes ou pauvres pour leur enseigner l'histoire des découvertes passées, éveillant ainsi leurs pouvoirs créateurs. En 1496, Octovien de Saint-Gelais, évêque d'Angoulême achevait de traduire en décasyllabes les Héroïdes d'Ovide, ce recueil de 21 lettres fictivement attribuées par le poète latin à diverses héroïnes de l'Antiquité pleurant leursamours déçues. Octovien de Saint-Gelais qui devait sa fortune aux Angoulême fit parvenir son texte à Louise de Savoie veuve de son protecteur Charles d'Angoulême et mère de François Ier. Elle fit faire ce magnifique manuscrit par un de ses peintres attitré, Robinet Testard. Sur un peu plus de 50 ans Louis XI et ses successeurs purent créer les institutions d'éducation nécessaires au développement de l'Etat-nation. Mais ils furent incapables de détruire leurennemi mortel, Venise, centre de l'usure et de la traite d'esclaves du monde occidental. Au cours de ses 22 années de règne, Louis XI parvint à briser le pouvoir de l'aristocratie terrienne féodale. Ce fut là le plus important changement politique par rapport aux siècles précédents dominés par le règne des seigneurs. Il jeta une nouvelle base de la société et de l'économie en créant et protégeant des manufactures dans les villes de France, en ouvrant des échanges réciproques avec l'Angleterre et signant des accords avec Gênes, Florence, Naples, la Sicile et la Calabre. Louis garantit l'expansion des manufactures en subventionnant les villes, y compris les cités médiévales; ces subventions provenaient de l'impôt sur le revenu, levé en proportion inverseà la productivité du contribuable, afin de décourager la richesse improductive et d'encourager le travail qualifié. Les seigneurs féodaux furent imposés à un taux plus élevé que les villageois, et les villageois plus que les citadins. Les revenus doublèrent et l'impôt sur le revenu tripla en l'espace de 20 ans: en 1462, l'impôt total levé se montait à 1 200 000 livres; en 1482, il était de 3 900 000 livres. Les archives de l'époque abondent en plaintes émanant de l'aristocratie ainsi privée de ses privilèges. Au-delà, le changement crucial effectué par Louis XI fut la création de nouvelles écoles et universités humanistes sous autorité royale. Le roi présida à l'établissement des premières études humanistes de la Renaissance en créanten 1464 deux nouvelles universités, l'une à Valence, l'autre à Bourges. En 1471, il inaugura l'imprimerie de la Sorbonne à Paris, qui diffusa des écrits de Platon, Salluste, Virgile, Juvenal et Xénophon, ce à la demande du Roi lui-même. Louis fit venir d'Allemagne Martin Krantz, Ulrich Gering et Michel Friburger pour monter cette imprimerie grâce aux subventions de l'État. Très rapidement, 37 villes françaises furent dotées de grandes imprimeries. En 1515, celle de la Sorbonne publia la première édition complète de l'oeuvre de Cuse en Europe, éditée par l'humaniste Jacques Lefèvre d'Étaples. Pour Louis XI, l'imprimerie de la Sorbonne était à la fois arme politique et instrument pour l'éducation. En 1477, il commanda la rédaction du premier livre en français, les Chroniques, qui relatait l'histoire de France depuis le temps des Romains jusqu'à la mort de son père, Charles VII. Ce livre devait servir entre autre à discréditer Charles le Téméraire. C’est vers 1450 à la suite d'un legs que l’abbaye de Cîteaux était devenu possesseur du château de Fontaine où était né saint Bernard. En 1491, l'abbé de Cîteaux avait été reconnu chef d'Ordre par un grand nombre de monastères et en 1498, on construit la bibliothèque qui sera achevée en 1509 Un nouveau support pour les actes publics Ce fut au 15ème siècle seulement que le papier se répandit dans les provinces du nord. A partir de cette époque ses progrès furent constants. Toutefois les actes publics continuèrent longtemps encore à être écrits sur parchemin, et ce ne fut guère qu’au 17ème et après l’invention du papier timbré en 1655 que l’on cessa de s’en servir pour certains d’entre eux. L’emploi du parchemin pour l’original des actes du pouvoir exécutif ne fut aboli que par un décret du 10 octobre 1792.Depuis le 15ème siècle, on écrivit au recto et au verso les actes d’une longueur exceptionnelle, pour lesquels on employa des feuillets de parchemins disposé en cahier. Il en fut ainsi notamment de certaines bulles pontificales et de certains actes d’aveu et de dénombrement. Cet usage s’étendit peu à peu à d’autre actes pendant les sièclessuivants, mais il ne devint jamais général, et jusqu’à nos jours des actes tels que les diplômes universitaires, les brevets, les commissions, les passeports, etc., ont conservé la tradition et ne sont écrits que d’unseul côté de la feuille. Bien que le nombre de ces actes ait beaucoup diminué au cours du 15ème siècle et qu’on ait peu à peu restreint presque exclusivement l’emploi des chartes-parties aux contrats privés reçus par les échevinages, là du moins cette forme a persisté pendant très longtemps. Elle a duré dans le nord de la France jusqu’à l’époque de la création des notaires royaux et, dans les provinces qui faisaient partie des Pays-Bas espagnols, jusqu’à l’époque de la conquête française. En France même on fit une exception pour le pays de l’Alloeu où les chartes-parties subsistèrent jusqu’à la fin de l’ancien régime. Ci-dessous un acte passé le 30 novembre 1402 par lequel le duc Louis d’Orléans institue Danry Du Quensnel châtellain du château de la ville d’Orchimont (Luxembourg Belge). A tous ceulx qui ces presentes lectres verront et oiront Gillet Larroque garde de par le Roy mestre des seaux de la prevoste de Monfeiz Salut sachent tout que nous le vintequatriesme jour de novembre lan mil quatre cens et cinq et en la presence de Henry Doloy tabellion Royaul ad ce commis et estaubli de par le Roy notre dict seigneur veismes leumes une lectres de tres haut et puissant prince monseigneur le duc Dorleans [maubour] et gouverneur Duchiet de Lucembourch et conte deChyny - Scelees de son petit seaux en queue pendant et cire vermeille contenant la fourme qui sensuit - Loys fils de Roy de France Duc Dorleans conte de Valoys de Bloys et de Beaumont et Seingneur de Coucy [Maubour] et gouverneur des Duchie de Lucembourch et comte de Chyny - A tous ceulx qui ces presentes lectres verront - Salut savoir faisons que nous cofians a plain du gens loyault et bonne diligence de notrebien ame escuier descuierie Danry Du Quensnel ycelui avons ordonne commis estaubli ordonnons commectons et estaublissons par ces presentes chastelain et prevost de notre ville et chastel Dorchimont a tenir et avoir le dit office de chastelain et prevost par le dit Danry aus gaiges de deux cens frans par an quea ceste cause ordonne et taxe en avons ordonnons et tauxons par ces presentes et cent frans pour les frais de quatre guetes et une partie quil sera tenuz de mettre pour lagarde et surete dudit chastel et aus autres droys profis et emolumens accoustumes et qui nappartiennent tout comme il nous plaira ce avons commes et ordonne le dit Danry A recevoir et tenez de par nostre court les rentes drois et demaines appartenant a nostre dit chastel et ville Dorchimont et que de sa recepteilz preingnent chacun an dorsenavant par sa main les troys cens frans dessus dits de laquelle recepte il nous rendra comte la ou il appartiendra - Ordonnons en mandons par ces mesmes lectres aus main justiciers et communalte dudit lieu Dorchimont Et a tous nos autres justiciers - officiers et subgez presens et advenir ou a leurs lieuxtenants et a chacun deux si comme a lui appartiendra que ce dit droy duquel nous avons pris et receu le serment en tel cas accoustume facent souffrent et laissons joir et user plainement et paisiblement dudit office le chastellain et prevost et lui obeissent et entendent deuement et diligemment ces lectres touchans et regardans son dit office - En tesmoin de ce nous avons fait saielez ces presentes de notre petit seaux - Donne A Yvoys le dernier jour de novembre lan de grace mil CCCC et deux - En fist signe par monseigneur le duc - En tesmoinct de ce nosavons mis a ces lectres lesdicts seaux de prevoste de Monfeis - auce lesigne manuel du dict tabellion - DOLOY " " A tous ceulx qui ces presentes lectres verront et oiront Gillet Larroque garde de par le Roy mestre des seaux de la prevoste de Monfeiz Salut sachent tout que nous le vintequatriesme jour de novembrelan mil quatre cens et cinq et en la presence de Henry Doloy tabellion Royaul ad ce commis et estaubli de par le Roy notre dict seigneur veismes leumes une lectres de tres haut et puissant prince monseigneur le duc Dorleans [maubour] et gouverneur Duchiet de Lucembourch et conte deChyny - Scelees de son petit seaux en queue pendant et cire vermeille contenant la fourme qui sensuit - Loys fils de Roy de France Duc Dorleans conte de Valoys de Bloys et de Beaumont et Seingneur de Coucy [Maubour] et gouverneur des Duchie de Lucembourch et comte de Chyny - A tous ceulx qui ces presentes lectres verront - Salut savoir faisons que nous cofians a plain du gens loyault et bonne diligence de notre bien ame escuier descuierieDanry Du Quensnel ycelui avons ordonne commis estaubli ordonnons commectons et estaublissons par ces presentes chastelain et prevost de notre ville et chastel Dorchimont a tenir et avoir le dit office de chastelain et prevost par le dit Danry aus gaiges de deux cens frans par an quea ceste cause ordonne et taxe en avons ordonnons et tauxons par ces presentes et cent frans pour les frais de quatre guetes et une partie quil sera tenuz de mettre pour la garde et surete dudit chastel et aus autres droys profis et emolumensaccoustumes et qui nappartiennent tout comme il nous plaira ce avons commes et ordonne le dit Danry A recevoir et tenez de par nostre court les rentes drois et demaines appartenant a nostre dit chastel et ville Dorchimont et que de sa recepte ilz preingnent chacun an dorsenavant par sa main les troys cens frans dessus dits de laquelle recepte il nous rendra comte la ou il appartiendra - Ordonnons en mandons par ces mesmes lectres aus main justiciers et communalte dudit lieu Dorchimont Et a tous nos autres justiciers - officiers et subgez presens et advenir ou a leurs lieuxtenants et a chacun deux si comme a lui appartiendra que ce dit droy duquel nous avons pris et receu le serment en tel cas accoustume facent souffrent et laissons joir et user plainement et paisiblement dudit office le chastellain et prevost et lui obeissent et entendent deuement et diligemment ces lectres touchans et regardans son dit office -En tesmoin de ce nous avons fait saielez ces presentes de notre petit seaux - Donne A Yvoys le dernier jour de novembre lan de grace mil CCCC et deux - En fist signe par monseigneur le duc - En tesmoinct de ce nos avons mis a ces lectres lesdicts seaux de prevoste de Monfeis - auce le signe manuel du dict tabellion - DOLOY " Ce document est tout à fait remarquable car il se situe dans une période critique pour la France au bord de la guerre civile, conséquence de la rivalité entre Louis d’Orléans et le duc de Bourgogne Jean Sans Peur son cousin. Louis d’Orléans vient d’acheter le duché du Luxembourg, véritable enclave destinée à contrôler les velléités du duc de Bourgogne. La prise de fonction du châtelain à Orgimont, s’inscrit dans le cadre d’une stratégie militaire défensive et de fortification des places fortes du Nord-Est de la France (" et cent frans pour les frais de quatre guetes et une partie quil sera tenuz de mettre pour la garde et surete dudit chastel "). On peut noter aussi que ce vidimus daté de 1405 est passé en la prévôté de Montfey dans l’Aube, et que Louis d’Orléans vient de quitter précipitamment Paris, avec la reine deFrance Isabeau de Bavière, pour se réfugier à Melun, afin d’ échapper à Jean Sans Peur. La confection d'une robe de cour* La réalisation d'une robe de Cour est à la portée d'un novice. Il faut juste un peu d'initiation en coupe et beaucoup d'imagination. Pour confectionner une robe de Cour, il faut une bonne huitaine de mètres de tissus d'ameublement pour le corps de la robe, quelques mètres de satin pour le dessous et les manches, de la passementerie, quelques longueurs de perles, des bobines de fil, beaucoup de patience et le tour est joué. Tout d'abord, on taille tous les morceaux du bustier et de la jupe en double, une fois avec du tissu d'ameublement, l'autre fois avec de la toile pour doubler le costume. Le bustier, formé de neuf morceaux, doit se terminer en pointe sur ledevant comme il était représenté à la mode de cette époque. Il est assemblé avec les deux tissus et ajusté sur la personne qui portera la robe, voire sur un mannequin. Photo www.renaissance-amboise.com/ La jupe est formée de quatre panneaux que l'on coupe :
On assemble le tissu d'ameublement et la toile, en laissant la jupe ouverte devant pour laisser apparaître le dessous de la robe. Le bustier et la jupe sont assemblés en fronçant à la taille. Il faut noter qu'à cette époque, les deux morceaux n'étaient pas rattachés : le bustier était une sorte de corset que l'on portait sur une chemise, elle-même attachée àla jupe. La robe est fermée dans le dos par une fermeture "éclair" qui doit être cachée le plus possible afin de ne pas faire d'anachronisme. Pendant la Renaissance, pour fermer une robe, il y avaitdes oeillets dans lesquels étaient entrecroiséun lacet bien serré pour obtenir une taille fine ! Les manches sont faites d'une seule partie, en satin le plus souvent ; elles sont volumineuses et sont rattachées au bustier. Après de nombreux essayages pour ajuster le costume, vient le moment des finitions et de la décoration. On pose la passementerie sur la robe autour du décolleté pour le mettre en valeur, à la taille et à l'ouverture du devant. Ces passementeries sont choisies en fonction des tissus. La chaussure Renaissance* C'est l'accessoire qui finit un costume, mais c'est la chaussure qui termine une silhouette. Loin d'être un accessoire de la mode, la chaussure en est en effet un élément indispensable et indissociable, aussi sensible aux évolutions et aux nouvelles tendances que le vêtement lui-même, aussi précieuse et recherchée. En matière de reconstitution et de spectacle historique, ce sera donc souvent la chaussure qui ferala différence entre un "à peu près" et un "beau" costume. A la Cour du Roi François, à Amboise, on l'a bien compris ... Après les excès que connut la mode de la chaussure au 14ème et 15ème siècles avec les poulaines fines, allongées et exagérément pointues, on ne revint pas pour autant à des formes plus sages au 16ème siècle. Bien au contraire, dans les dernières années du 15ème siècle, l'on vit apparaître des chaussures très élargies au bout jusqu'à devenir presque carrées. Le peuple appela par dérision ces chaussures "pied d'ours", "bec de canne" ou "mufle de vache". Elle furent portées pendant tout le règne de Louis XII, soit jusqu'en 1515 environ. A la même époque, les élégantes italiennes portaient d'étranges souliers rehaussés par de très hauts patins, les "chopines". Le haut socle placé sous la plante du pied pouvait atteindre cinquante deux centimètres et il ne permettaitpas à celles qui les portaient de marcher seules, elles devaient obligatoirement s'appuyer sur les épaules de deux servantes se tenant de chaque côté d'elles. Ces chopinesne seront pas adoptées en France et furent interdites très rapidement en Italie, car jugées inesthétiques et peu commodes. Les bottes en cuir ou en daim se portaient toujours tandis que les élégantes bottines d'étoffes tailladées (crevées) étaient utilisées à la Cour par les seigneurs. Elles ne dépassaient pas, en hauteur, le milieu de la jambe. Le peuple, lui, se chaussait toujours de sabots de bois très rustiques ou de galoches (du latin gallica) maintenues par des brides, souliers à semelle de bois dont la partie supérieure est en cuir. Il se chaussait également d'estivaux qui sont des bottines en cuir souple et léger. Le terme "estivaux" vient du bas latin aestivaleus, relatif à l'été : il s'agit donc bien d'un soulier léger porté en été. Les paysans portaient des "houses" qui sont des guêtres de cuir fendues d'un bout à l'autre fermées avec des boucles et courroies, ce qui était si long et difficile que Rabelais les appelait "bottes de patience". Ils portaient aussi des sandales qui sont faites en cuir, en bois ou en corde, des "bottes" qui sont en fait des chaussures légères et commodes qui ressemblent à s'y méprendre à nos pantoufles d'aujourd'hui. L’Architecture de la Renaissance Dans la seconde partie du 15ème siècle, dans le Moyen Age finissant, la guerre de Cent Ans étant terminée, l'autorité du roi de France rétablie notamment face aux seigneurs, va commencer une période de développement. Celui-ci touche également les activités artistiques, en particulier l'architecture. Les châteaux perdant peu à peu leur fonction défensive vont voir leur construction évoluer et ce siècle va même voir apparaître la construction de châteaux à vocation uniquement résidentielle Montsoreau, Ussé, Langeais, Châteaudun et Chambord sont les derniers châteaux forts bâtis entre 1450 et 1470. Les constructions suivantes comme Amboise, Blois, Gien et Meillant montrent desformes diversifiées et arborent un décor abondant. La sobriété cède le pas au luxe architectural, les pièces les plus confortables laissant entrer la lumière par de nombreuses ouvertures. Le château devient un lieu deplaisance. Château de Martainville (Normandie photo lj 2001) Les campagnes des guerres d'Italie permettent aux français de découvrir la Renaissance italienne. Cependant, dès le début du 14ème siècle, des échanges culturels se faisaient déjà avec ce pays. A cette période des peintres de Sienne ont travaillé dans le Dijonnais. René d'Anjou, Charles le Téméraire ou Louis XI ont fait travaillé des artisans italiens. Cependant les guerres d'Italie ont été l'occasion pour les nobles de découvrir le raffinement italien. De retour en France, ces derniers sont désireux de construire des demeures prestigieuses, exprimant leur position sociale. Charles VIII fait venir à Amboise des artistes, des sculpteurs, des jardiniers, des orfèvres et des architectes. Parmi eux se retrouvent Guido Mazzoni, Girolamo Pacchiarotti, Pacello de Mercogliano, Bernadino de Brescia, Dominique de Cortone et Giovani Giocondo. Durant le 15ème siècle, on utilisera souvent le mélange de briques et de pierres comme au château de Louis XI à Plessis les Tours. Cet usage s'intensifie au 16ème siècle, comme on peut le voir au château de Blois avec l'aile Louis XII. Les multiples variations de cette juxtaposition rend celle-ci très appréciée jusqu'au 17ème siècle. A partir de la seconde Renaissance, un relief apparaît sur le pavement des pierres. C'est le bossage* . Il est un symbole de puissance. Les travées* sont souvent faites de pilastres l'une sur l'autre qui relient les fenêtres avec une lucarne au dessus. Par la suite, on y verra une alternance de pilastres entourant des fenêtres, des niches ou des tables de pierre afin d'introduire une variété dans les éléments de la travée. La Renaissance privilégie les toitures en ardoises. Ces toitures ont une taille très importante par rapport à l'ensemble du bâtiment. On y retrouve des cheminées ou des lucarnes à frontons*. Chaque type de corps du bâtiment est doté d'un type de toiture différent. On voit encore des gargouilles sur les châteaux de la Renaissance, bien que l'usage de tuyaux de descente d'eau se généralise. Les terrasses apparaissent sous l'influence de l'Italie. Cependant, à partir du 14ème siècle, les chemins de ronde s'élargissent. Dans le château de Chambord, la galerie présente àl'avant du bâtiment principal est recouverte, formantainsi une terrasse. Cependant, cela reste exceptionnel car peu en accord ave la tradition française. Le corps d'entrée est souvent situé devant le logis, dans l'axe de ce dernier. Il subit les influences liées à l'art antique comme à Anet où à la Tour d'Aigues, formant un arc de triomphe antique. Dans les construction de la Renaissance, les galeries sont, soit ouvertes, soit fermées. La galerie ouverte est située au rez-de-chaussée ou à l'étage et représente un endroit de passage La galerie fermée est située à l'étage. c'est alors une salle d'apparat réservée aux réceptions. Cette galerie est souvent décorée avec des peintures ou des tapisseries précieuses. Le corps de logis, très horizontal, se voit doté en son milieu d'un avant corps, cassant cette ligne. Cet avant corps est l'entrée principale, souvent dotée d'un escalier. Au 15ème siècle ce dernier peut également être situé dans une tourelle en angle du bâtiment. L'escalier est à vis depuis le Moyen Age, avec une double révolution au château de Chambord. Inspiré de l'Italie, l'escalier droit fera son apparition au milieu du 16ème siècle. L'escalier est un élément central, les salles et les façades étant conçues par rapport à lui. C'est dans cet élément que les architectes s'efforcent d'exprimer tout leur talent. Les fenêtres sont superposées et dotées de pilastres* qui les relient. Ces derniers favorisent encore les décorations verticales en façade. La porte d'entrée principale donne souvent sur un escalier. Mais elle peut être constituées de deux portes, couvertes d'arc et d'une baie. Les portes isolées se voient dotées d'un fronton reprenant le dessin du dessus des lucarnes. Celles-ci portent au dessus d'elles un édicule puis un fronton. Ce dernier peut être en forme d'arcde cercle et creusé. De chaque côté des lucarnes nous trouvons souvent des pilastres qui rejoignent la baie. Ces pilastres peuvent être remplacés par des colonnes. Vers la fin du 16ème siècle, la lucarne tend vers un modèle classique au fronton plus sobre. Évolution de l’Écriture L’usage de la cursive se propagea de plus en plus du 14ème au 15ème siècle et presque partout elle tendit à se substituer à l’écriture mixte. Dans la pratique des notaires, des greffiers, des procureurs, elle aboutit à une écriture précipitée, dont les abréviations, souvent nombreuses, sont très irrégulières, et qui est peu lisible. En même temps les variétés se multiplient et l’écriture prend un caractère personnel plus accusé. La grande gothique et les lettres de forme, dont l’emploi est très fréquent dans les manuscrits, sont très rares au contraire dans les documents diplomatiques, où on neles rencontre guère que dans la première ligne et encore exceptionnellement. Au 15ème siècle, une nouvelle réforme calligraphique se produisit en Italie. Les humanistes abandonnèrent la gothique et s’appliquèrent à reproduire l’écriture des beaux manuscrits où s’était conservés un grand nombre de chefs-d’œuvre de l’antiquité, c’est-à-dire la minuscule caroline. Cette réforme, inaugurée à Florence dans les premières années du 15ème siècle,se propagea rapidement en Italie. La cour romaine adopta la nouvelle écriture pour l’expédition des brefs. En France, elle ne pénétra qu’assez tard. A partir du règne de Louis XII les documents diplomatiques en subirent l’influence; mais seulement les plus solennels, ceux qui était d’usage d’écrire avec le plus de soin. On imita plustard l’écriture inclinée à droite des chancelleries italiennes, qui a conservé le nom d’italique. Ce fut ainsi que les formes gothiques disparurent à peu près complètement des documents diplomatiques au cours du 16ème siècle. Mais ce qui prédomina surtout pendant ce siècle, ce fut d’une part l’écriture individuelle et, d’autre part, pour toutes les écritures courantes des notariats, des greffes et des administrations, une cursive dégénérée, à peine formée et pleine d’abréviations les plus arbitraires. A la fin de ce même siècle, sous le pontificat de Clément VIII, la chancellerie apostolique inaugura une écriture nouvelle, singulière, composée de pleins énormes et de déliés d’une finesse extrême, surchargée d’abréviations sans rapport avec les abréviations conventionnelles du moyen âge. Les costumes des hommes au 15ème siècle* photo http://www.renaissance-amboise.com/ Le costume avait été incommode au commencement du 14ème siècle à cause de l'ampleur des vêtements; il était devenu ridicule par le défaut contraire sous le règne de Charles V. Il fut à la fois incommode et ridicule sous Charles VI,par l'imagination où l'on se mit d'accorder le goût du règne précédent avec celui des temps anciens, en renchérissant, comme c'est l'usage des imitateurs, sur ce que l'un et l'autre avaient de vicieux. Un nouveau système d'ajustement permit aux hommes comme aux femmes les habits collants à l'excès ou flottants sans mesure. Le signe caractéristique de ce changement fut l'adoption de la houppelande à la place du surcot, du manteau, de la cloche, de la housse, enfin de toutes les sortes de vêtements de dessus usités jusque là. La houppelande: Le confortable l'avait fait naître ; les convenances exigèrent qu'elle fût pièce indispensable du costume habillé. On appelait houppelande une sorte de redingote ou mieux encore de robe de chambre, tantôt longue, tantôt courte, mais garnie dans tous les cas de manches traînant à terre. Un collet droit et montant la tenait assujettie au cou ; elle était ajustée de corsage et serrée à la taille par une ceinture. C'est tout à la fin du règne de Charles V qu'on voit figurer dans la dépense des princes les premières houppelandes ; c'est après sa mort que l'usage en devient général. Tel fut lesuccès de cette mode qu'elle se répandit jusque dansles campagnes. La nature du costume déterminait le plus ou moins de la longueur de la houppelande. Pour aller au bal, elle était courte, si courte qu'on en voit sur les monuments qui couvrent à peine la naissance des cuisses. Pour les pages et les valets, il était de règle qu'elle descendît jusqu'au-dessus du genou; c'était aussi la longueur consacrée pour le costume de chasse. Les houppelandes longues étaient de mise pour les réceptions ou la promenade. D'abord on fourra les houppelandes, comme on avait fait les surcots; puis tout d'un coup on se rabattit à les doubler de velours, de satin ou même d'étoffe de laine. Parfois le collet est caché qu'il est par une double collerette, garniepar le haut d'un passepoil en tournure qu'on prendrait pour une fraise. Cette collerette s'appelait collière. Le collier du prince, qui est une chaîne avec pendeloques, fermée par un grand médaillon en joaillerie ; sa ceinture, formée d'un carcan d'or avec breloques qui y sont assujetties par des bouts de chaîne : tous ces objets sont autant de détails particuliers et caractéristiques du costume de 1400 à1420. Le bonnet: Coiffure peu gracieuse, mais que sa commodité a maintenue, malgré les variations de la mode. Le bonnet de coton règne encore sur tout le nord-ouest de la France. D’ailleurs, dès le 12ème siècle, on portait des bonnets en France. On faisait alors les bonnets d'une étoffe de laine appelée bonnette. Ils eurent l'honneur sous le règne de Charles VI et fit partie du costume habillé. La barrette ou béret est la casquette des Basques, que la mode française s'était appropriée dès la fin du 13ème siècle. Les barrettes portées à la cour du temps de Charles VIétaient de poil, enrichies de perles sur le devant. Celles des docteurs, qui constituaient l'une des marques de leur dignité, étaient simplement de drap. Le chaperon, qui régnait encore couramment avec la barrette et le bonnet, était devenu, de capuchon en un véritable turban. Il consistait alors en une longue bande d'étoffe en partie roulée autour de la tête, en partie retombant sur l'épaule. On retroussait et on mettait en évidence, sous le nomde patte, le bout de la partie roulée. La partie retombante s'appelait cornette.Pendant les guerres civiles, qui terminèrent d'une façon si déplorable le règne de Charles VI, le chaperon devint un signe de ralliement par la position respective de la patte et de la cornette. La cornette était portée à droite par les Bourguignons, et à gauche par les Armagnacs. Les costumes des femmes au 15ème siècle* La houppelande: Elle fut la pièce fondamentale de la toilette des femmes sous le règne de Charles VI. A la cour, comme à la ville, on vit s'étaler l'ampleur de ce vêtement qui, n'étant pas ouvert sur le devant, comme cela avait lieu pour les hommes, pouvait passer pour une restauration de l'ancien surcot du temps de Philippe le Bel. Il n'y eut guère d'innovation qu'en ce point que la ceinture, qui s'était portée jadis sous le surcot, fut mise par dessus la houppelande. Ce changement fut accompagné d'un autre. Au lieu d'attacher la ceinture au bas des hanches, comme on l'avait fait par le passé, on la posa sous les seins, à une distance ridicule de la taille.On eut ainsi des corsages écourtés dont l'exagération fut rendue encore plus sensible par le contraste des jupes à queue et des manches traînantes. La coiffure est la barrette, c'était une toque très légère, faite d'une espèce de tricot de soie, appelée tripe en raison de sa façon. Les bourrelets en forme de couronne ou de coeur, les atours bourrés de filasse dont se moquait le poète Eustache Deschamps, continuèrent à jouir de la plus grande faveur après 1400. Leur première tendance avait été de se développer en étendue; par suite d'un goût nouveau apporté de Flandre, ils prirent tout d'un coup leur essoren hauteur. Chemin faisant, ils se munirent de cornes et acquirent une ressemblance frappante avec la mitre des grands prêtres hébreux. Cette mode fit peur à la Sorbonne. « Ignorez-vous, s'écriait l'illustre docteur Nicolas de Clamanges, ignorez-vous que le diable est représenté souvent sous la forme d'une femme cornue ?» C'est peut-être pour diminuer cette ressemblance avec le diable que les femmes ajoutèrent à leur coiffure des appendices en forme d'oreilles. En 1416, la reine Isabelle de Bavière fit rehausser toutes les portes des appartements au château de Vincennes pour permettre la circulation des dames. D’ailleurs, elle même, portait des coiffures d'une hauteur démesurée. Le Costume de la Renaissance Française* photo http://www.renaissance-amboise.com/ Du milieu du 14 siècle jusqu'au milieu du 17ème siècle, le costume n'a pas seulement un rôle d'habillement mais il est là aussi pour transformer l'aspect extérieur au moyen d'artifices. D'ailleurs le costume de cour se compliquera avecle temps Lors de ses voyages en Italie, François 1er, comme beaucoup de rois, est séduit par la "vie de société" de ce pays avec ses fêtes mythologiques, ses tournois, ses défilés et ses mascarades qui donnent l'occasion aux participants de montrer de nouveaux costumes. Les guerres italiennes font aussi découvrir le costume Renaissance et cette mode italienne va surtout influencer les matières et les ornements. La France découvre le luxe des costumes, la fantaisie, le raffinement. Sous le règne du jeuneroi François 1er, il faut être beau, subtil et celui-ci donne l'exemple, tout de suite imité par la Cour de France, à l'images des Cours italiennes : somptueuse, éclatante, fastueuse. Les français sont conquis par la révélation de cette élégance et ramènent une quantité d'ouvriers italiens qui s'établissent à Lyon, Paris et Tours pour fournir les élégantes et les élégants de la Cour de France. Les artisans français commencent peu à peu à faire concurrence aux italiens. Avec le soutien de matériaux luxueux, d'étoffes riches et lourdes, de broderies épaisses, de bijoux somptueux et de dentelles aérées, les hommes de la Renaissance s'attachent à créer des modèles de costumes en se préoccupant des combinaisons de couleurs et des volumes qui en font l'élégance et l'harmonie. A la fin du 15ème siècle, la France se reconstruit à travers son industrie drapière et son commerce extérieur. Les tissus du 15ème siècle sont ornés de nouveaux motifs, cassant ainsi la mode des motifs géométriques et semis floraux. A cette époque arrive le motif "ananas" qui plus tard sera repris pour une ornementation avec de grands motifs. De majestueuses tenues apparaissent et la principale caractéristique de cette époque concerne "les crevés" que l'on retrouve dans un premier temps sur les manches des vêtements mais par la suite sur le reste des costumes ainsi que sur les chaussures. Le plus en vogue à cette époque se compose d'un pourpoint à encolure bateau laissant apparaître le plissé de la chemise. Il est richement galonné de broderies en relief décorées de pierres et de perles. Celui-ci est souvent tailladé de crevés en ellipse qui laissent voir une étoffe de couleur différente. Il n'était en réalité qu'un riche gilet. Le pourpoint peut être court ou s'allonger d'une jupe. La jupe est alors flottante à godets et ouverte devant. Elle laisse apparaître la braguette très proéminente en forme d'étui et qui s'attache par des aiguillettes ou agrafes, petits cordons ferrés aux deux extrémités. Le pourpoint, lorsqu'il est court, laisse apparaître des hauts de chausses en tonnelets, en lanières ou à crevés, souvent de deux couleurs, qui s'enfoncent dans les bras de chausses retenuspar des jarretières. Les hauts de chausses furent remplacés par des culottes bouffantes serrées au-dessus du genou par un canon ou jarretière d'étoffe. Les hommes portent aussi un manteau ou dogaline avec de larges manches relevées sur les épaules qui laissent voir le pourpoint. La confection d'une robe de cour* La réalisation d'une robe de Cour est à la portée d'un novice. Il faut juste un peu d'initiation en coupe et beaucoup d'imagination. Pour confectionner une robe de Cour, il faut une bonne huitaine de mètres de tissus d'ameublement pour le corps de la robe, quelques mètres de satin pour le dessous et les manches, de la passementerie, quelques longueurs de perles, des bobines de fil, beaucoup de patience et le tour est joué. Tout d'abord, on taille tous les morceaux du bustier et de la jupe en double, une fois avec du tissu d'ameublement, l'autre fois avec de la toile pour doubler le costume. Le bustier, formé de neuf morceaux, doit se terminer en pointe sur ledevant comme il était représenté à la mode de cette époque. Il est assemblé avec les deux tissus et ajusté sur la personne qui portera la robe, voire sur un mannequin. Photo www.renaissance-amboise.com/ La jupe est formée de quatre panneaux que l'on coupe :
On assemble le tissu d'ameublement et la toile, en laissant la jupe ouverte devant pour laisser apparaître le dessous de la robe. Le bustier et la jupe sont assemblés en fronçant à la taille. Il faut noter qu'à cette époque, les deux morceaux n'étaient pas rattachés : le bustier était une sorte de corset que l'on portait sur une chemise, elle-même attachée àla jupe. La robe est fermée dans le dos par une fermeture "éclair" qui doit être cachée le plus possible afin de ne pas faire d'anachronisme. Pendant la Renaissance, pour fermer une robe, il y avaitdes oeillets dans lesquels étaient entrecroiséun lacet bien serré pour obtenir une taille fine ! Les manches sont faites d'une seule partie, en satin le plus souvent ; elles sont volumineuses et sont rattachées au bustier. Après de nombreux essayages pour ajuster le costume, vient le moment des finitions et de la décoration. On pose la passementerie sur la robe autour du décolleté pour le mettre en valeur, à la taille et à l'ouverture du devant. Ces passementeries sont choisies en fonction des tissus. La chaussure Renaissance* C'est l'accessoire qui finit un costume, mais c'est la chaussure qui termine une silhouette. Loin d'être un accessoire de la mode, la chaussure en est en effet un élément indispensable et indissociable, aussi sensible aux évolutions et aux nouvelles tendances que le vêtement lui-même, aussi précieuse et recherchée. En matière de reconstitution et de spectacle historique, ce sera donc souvent la chaussure qui ferala différence entre un "à peu près" et un "beau" costume. A la Cour du Roi François, à Amboise, on l'a bien compris ... Après les excès que connut la mode de la chaussure au 14ème et 15ème siècles avec les poulaines fines, allongées et exagérément pointues, on ne revint pas pour autant à des formes plus sages au 16ème siècle. Bien au contraire, dans les dernières années du 15ème siècle, l'on vit apparaître des chaussures très élargies au bout jusqu'à devenir presque carrées. Le peuple appela par dérision ces chaussures "pied d'ours", "bec de canne" ou "mufle de vache". Elle furent portées pendant tout le règne de Louis XII, soit jusqu'en 1515 environ. A la même époque, les élégantes italiennes portaient d'étranges souliers rehaussés par de très hauts patins, les "chopines". Le haut socle placé sous la plante du pied pouvait atteindre cinquante deux centimètres et il ne permettaitpas à celles qui les portaient de marcher seules, elles devaient obligatoirement s'appuyer sur les épaules de deux servantes se tenant de chaque côté d'elles. Ces chopinesne seront pas adoptées en France et furent interdites très rapidement en Italie, car jugées inesthétiques et peu commodes. Les bottes en cuir ou en daim se portaient toujours tandis que les élégantes bottines d'étoffes tailladées (crevées) étaient utilisées à la Cour par les seigneurs. Elles ne dépassaient pas, en hauteur, le milieu de la jambe. Le peuple, lui, se chaussait toujours de sabots de bois très rustiques ou de galoches (du latin gallica) maintenues par des brides, souliers à semelle de bois dont la partie supérieure est en cuir. Il se chaussait également d'estivaux qui sont des bottines en cuir souple et léger. Le terme "estivaux" vient du bas latin aestivaleus, relatif à l'été : il s'agit donc bien d'un soulier léger porté en été. Les paysans portaient des "houses" qui sont des guêtres de cuir fendues d'un bout à l'autre fermées avec des boucles et courroies, ce qui était si long et difficile que Rabelais les appelait "bottes de patience". Ils portaient aussi des sandales qui sont faites en cuir, en bois ou en corde, des "bottes" qui sont en fait des chaussures légères et commodes qui ressemblent à s'y méprendre à nos pantoufles d'aujourd'hui. Le Costume de la Renaissance Italienne* Photo www.renaissance-amboise.com/ Du 14ème siècle au 17ème siècle, nous assisterons à la personnalisation du costume. Il se libère de l'influence des byzantins. La robe en cloche apparaît chez les femmes et le pourpoint des hommes se raccourcit. Le vêtement de l'homme est caractérisé par un pourpoint court avec des manches amovibles et fendues pour montrer la chemise de dessous. Ces fentes sont maintenue par des lacets comme l'ouverture en forme de V sur le devant du pourpoint. Par dessus l'homme porte un justaucorps très décolleté. Ce peut être aussi un manteau ou une casaque avec des manches fendues. Les chausses ont souvent une jambes d'une couleur et la deuxième d'une autre. Sur leur tête les hommes portent un bonnet à revers nommé berretino, ou une toque ornée. La femme porte une robe avec des manches longues. Dessus elle porte la cioppa, un habit brodé, avec une ceinture haut placée. Ce vêtement a une traîne et des manches qui pendent sans recouvrir les bras. Les manches s'attachent aux épaules par des cordons nommés aiguillettes. L’Architecture de la Renaissance Dans la seconde partie du 15ème siècle, dans le Moyen Age finissant, la guerre de Cent Ans étant terminée, l'autorité du roi de France rétablie notamment face aux seigneurs, va commencer une période de développement. Celui-ci touche également les activités artistiques, en particulier l'architecture. Les châteaux perdant peu à peu leur fonction défensive vont voir leur construction évoluer et ce siècle va même voir apparaître la construction de châteaux à vocation uniquement résidentielle Montsoreau, Ussé, Langeais, Châteaudun et Chambord sont les derniers châteaux forts bâtis entre 1450 et 1470. Les constructions suivantes comme Amboise, Blois, Gien et Meillant montrent desformes diversifiées et arborent un décor abondant. La sobriété cède le pas au luxe architectural, les pièces les plus confortables laissant entrer la lumière par de nombreuses ouvertures. Le château devient un lieu deplaisance. Château de Martainville (Normandie photo lj 2001) Les campagnes des guerres d'Italie permettent aux français de découvrir la Renaissance italienne. Cependant, dès le début du 14ème siècle, des échanges culturels se faisaient déjà avec ce pays. A cette période des peintres de Sienne ont travaillé dans le Dijonnais. René d'Anjou, Charles le Téméraire ou Louis XI ont fait travaillé des artisans italiens. Cependant les guerres d'Italie ont été l'occasion pour les nobles de découvrir le raffinement italien. De retour en France, ces derniers sont désireux de construire des demeures prestigieuses, exprimant leur position sociale. Charles VIII fait venir à Amboise des artistes, des sculpteurs, des jardiniers, des orfèvres et des architectes. Parmi eux se retrouvent Guido Mazzoni, Girolamo Pacchiarotti, Pacello de Mercogliano, Bernadino de Brescia, Dominique de Cortone et Giovani Giocondo. Durant le 15ème siècle, on utilisera souvent le mélange de briques et de pierres comme au château de Louis XI à Plessis les Tours. Cet usage s'intensifie au 16ème siècle, comme on peut le voir au château de Blois avec l'aile Louis XII. Les multiples variations de cette juxtaposition rend celle-ci très appréciée jusqu'au 17ème siècle. A partir de la seconde Renaissance, un relief apparaît sur le pavement des pierres. C'est le bossage* . Il est un symbole de puissance. Les travées* sont souvent faites de pilastres l'une sur l'autre qui relient les fenêtres avec une lucarne au dessus. Par la suite, on y verra une alternance de pilastres entourant des fenêtres, des niches ou des tables de pierre afin d'introduire une variété dans les éléments de la travée. La Renaissance privilégie les toitures en ardoises. Ces toitures ont une taille très importante par rapport à l'ensemble du bâtiment. On y retrouve des cheminées ou des lucarnes à frontons*. Chaque type de corps du bâtiment est doté d'un type de toiture différent. On voit encore des gargouilles sur les châteaux de la Renaissance, bien que l'usage de tuyaux de descente d'eau se généralise. Les terrasses apparaissent sous l'influence de l'Italie. Cependant, à partir du 14ème siècle, les chemins de ronde s'élargissent. Dans le château de Chambord, la galerie présente àl'avant du bâtiment principal est recouverte, formantainsi une terrasse. Cependant, cela reste exceptionnel car peu en accord ave la tradition française. Le corps d'entrée est souvent situé devant le logis, dans l'axe de ce dernier. Il subit les influences liées à l'art antique comme à Anet où à la Tour d'Aigues, formant un arc de triomphe antique. Dans les construction de la Renaissance, les galeries sont, soit ouvertes, soit fermées. La galerie ouverte est située au rez-de-chaussée ou à l'étage et représente un endroit de passage La galerie fermée est située à l'étage. c'est alors une salle d'apparat réservée aux réceptions. Cette galerie est souvent décorée avec des peintures ou des tapisseries précieuses. Le corps de logis, très horizontal, se voit doté en son milieu d'un avant corps, cassant cette ligne. Cet avant corps est l'entrée principale, souvent dotée d'un escalier. Au 15ème siècle ce dernier peut également être situé dans une tourelle en angle du bâtiment. L'escalier est à vis depuis le Moyen Age, avec une double révolution au château de Chambord. Inspiré de l'Italie, l'escalier droit fera son apparition au milieu du 16ème siècle. L'escalier est un élément central, les salles et les façades étant conçues par rapport à lui. C'est dans cet élément que les architectes s'efforcent d'exprimer tout leur talent. Les fenêtres sont superposées et dotées de pilastres* qui les relient. Ces derniers favorisent encore les décorations verticales en façade. La porte d'entrée principale donne souvent sur un escalier. Mais elle peut être constituées de deux portes, couvertes d'arc et d'une baie. Les portes isolées se voient dotées d'un fronton reprenant le dessin du dessus des lucarnes. Celles-ci portent au dessus d'elles un édicule puis un fronton. Ce dernier peut être en forme d'arcde cercle et creusé. De chaque côté des lucarnes nous trouvons souvent des pilastres qui rejoignent la baie. Ces pilastres peuvent être remplacés par des colonnes. Vers la fin du 16ème siècle, la lucarne tend vers un modèle classique au fronton plus sobre. La Bourgogne État indépendant Philippe le Hardi recueille en 1384 l'immense héritage de son épouse Marguerite de Flandre (notamment les comtés de Flandre, de Bourgogne, d'Artois, de Nevers, de Rethel, les seigneuries de Salins, de Malines et d'Anvers). Philippe le Bonaccroît ces domaines par achats, mariage et héritages des comtés de Namur, de Hainaut, de Hollande, de Frise et de Zélande, ainsi que des duchés de Brabant, de Limbourg et de Luxembourg de 1467 à 1477. Enfin, Charles le Téméraire conquiert le duché de Gueldre et la Lorraine. Les ducs de Bourgogne se rendent peu à peu indépendants de la Couronne de France, à la faveur de la guerre de Cent Ans. Si Philippe le Hardi se conduit encore comme l'un des grands seigneurs du royaume de France, son fils Jean sans Peur est d'abord le chef de la faction des Bourguignons, opposés aux Armagnacs. Organisateur du meurtre de Louis d'Orléans en 1407, il est lui-même assassiné en 1419. Son fils, Philippe le Bon, se dispense de l'hommage au roi de France, Charles VII, tenu pour responsable de cet assassinat. Surnommé le « Grand duc d'Occident », il détermine, par les fluctuations de sa politique d'alliance, le succès des Anglais et des Français dans leur longue lutte. S'il rend l'hommage à Louis XI, il préserve l'indépendance de fait de ses États. Fils et successeur de Philippe le Bon, Charles le Téméraire poursuit la politique d'expansion territoriale de ses prédécesseurs. Mais ilest contrecarré dans ses desseins par Louis XI, et la lutte sans merci qu'ils se livrent l'un contre l'autre affaiblit définitivement les États bourguignons. Après la mort de Charles le Téméraire et à la suite du mariage de sa fille, Marie, avec Maximilien de Habsbourg, les États sont partagés entre la France et la maison d'Autriche. Le grand conseil organise une armée régulière et crée en 1429 l'ordre de chevalerie de la Toison d'or, symbole de la puissance et du rayonnement culturel du « grand duc d'Occident » Le duché de Bourgogne, qui comprend le Nord de la France, la Belgique et la Hollande, devient un centre important de la mode vers le milieu du 14ème siècle, éclipsant la France ruinée par la guerre de cents ans. Les vêtements des nobles et des bourgeois tendent à se ressembler, instaurant une véritable mode vestimentaire, remplaçant ainsi les habits qui auparavant servaient à affirmer la position sociale. Les aristocrates ne réalisent plus leurs costumes mais en confie l'élaboration à des artisans qui commencent à se multiplier. Chaque élément du vêtement est élaboré par un artisan spécialisé. Ainsi vont se différencier les habitscivils, militaires et religieux ; les habits de fête et ceux de tous les jours ; ceux des jeunes filles ou des femmes mariées. Les coupes de cette époque est caractérisée par des formes allongées et pointues, tant dans les vêtements que dans les chaussures ou les coiffures. Les chaussures allongées, nommées des poulaines, peuvent mesurer jusqu'à trois fois la longueur du pied chez les rois et seulement une fois et demi pour les hommes du peuple. La pointe des poulaines était si longue dans les années 1420 qu'il fallait l'attacher àla jambe avec une chaîne en or ou argent. Les décolletés sont importants et les chapeaux très extravagants. Certains, nommés des hennins, mesurent jusqu'à soixante centimètre de long. Ces excès disparaîtront au 16ème siècle. Costume à la cour de bourgogne (photo http://www.renaissance-amboise.com/) Les tissus sont plutôt raffinés mais de couleur souvent sombre pour mieux faire ressortir les bijoux et les grelots que l'on trouve sur les ceintures, les chaussures ou les chapeaux. Au 14ème siècle, les ceintures se réduisent à de simples lanières d'étoffe ou à une cordelette nouée sur les hanches. Cette ceinture servira à y suspendre des choses (miroir, éventail, breloque) au 16ème siècle. L'homme porte un pourpoint court, moulant avec un col haut. A sa taille il est maintenu par une ceinture. Il porte en dessous une chemise à manche longue et des braies courtes. Les manches du pourpoint sont fendues au niveau de l'avant-brasce qui permet de montrer les vêtements de dessous. Les épaules, la poitrine et le dos sont rembourrés. Généralement les jambes ne sont couvertes que de collants. Par dessus, l'homme porte, soit une longue robe fourrée à manches longues ou traînantes nommée houppelande, soit un chasuble cousu avec des fentes appelé pertuis. La femme porte des robes longues, moulantes, plutôt décolletées et tombant jusqu'au sol. Le corsage est échancré. Les femme doivent porter ce que l'on appelle le tassel, qui cache la chemise intime. Sur ces robes, au niveau des poignets, nous trouvons des bombardes, qui sont des volants retombant sur les mains. Ces bombardes sont parfois remplacées par des tippets, qui sont de longues bandes décoratives. Sur la robe nous trouvons également des fentes pour y glisser les mains. Par dessus, la femme revêt un surcot fait de brocard bordé de fourrure. Ce surcot deviendra un vêtement majeur dans les tenues officielles jusqu'au 17ème siècle. Pour sortir, la femme se couvre d'un voile ou d'une coiffe. Seules les servantes vont tête nue. La coiffure se porte en arrière. Le front est rehaussé par une épilation des sourcils. Les cheveux sont redescendus sur les tempes par deux chignons sur lesquels est posée une résille. Sur cette dernière, estposé un voile nommé la huve ou le hennin. La Sologne Donjon de Menetou 15ème siècle La Sologne connut une période de paix jusqu'au début du 15ème siècle. Les habitants de la Sologne participèrent encore une fois vaillamment à la lutte contre les Anglais, et en 1429 Jeanne d'Arc s'arrêta même à Selles. Au milieu du 15ème siècle Romorantin passa sous le contrôle de Jean d'Angoulême. A la suite des guerres le pays était presque en friche et des brigands infestaient le pays. Sous l'influence bénéfique de Jean d'Angoulême, puis de son fils Charles père du futur François Ier, et du duc d'Orléans le futur Louis XII lepays se redressa peu à peu et connut une grande prospérité. D'autres grands seigneurs participèrent à l'épanouissement de la région, comme Jean du Thier, seigneur de Beauregard, la famille de Beauvilliers à la Ferté Hubert, et le seigneur de Cheverny. Pendant cette période de prospérité, les bourgeois qui s'étaient enrichis prirent une part de plus en plus active dans l'administration de la région. De grands travaux d'urbanisme furentainsi entrepris à Romorantin au début du 16ème siècle avec l'aide de François Ier. Région d’Amboise Avant d'être à la couronne, le Château d'Amboise appartenait à la famille d'Amboise. Louis d'Amboise fut en effet condamné à mort par le Roi Charles VII le 8 mai 1431 pour avoir essayé de l'enlever en compagnie de son favori Georges de La Trémoille au château de Chinon. Le château et la seigneurie d'Amboise ainsi que le château de Montrichard lui furent confisqués et rattachés à la couronne par lettres patentes le 4 septembre 1434. Au milieu du 15ème siècle, alors que la ville était sous l’emprise des Anglais, le roi Charles VII repris la ville à ses envahisseurs. Louis XI, son successeur, commença alors les travaux de reconstruction du château. Ce fut Charles VIII qui décida de reconstruire entièrement la forteresse. Depuis sa naissance, il avait vécu à Amboise. Très attaché à sa ville, il voulut lui redonner toute la splendeur qu'elle méritait. Il ramena alors d’Italie un certain nombre de meubles et fit appel à Pacello de Mercogliano, horticulteur italien, afin d’aménager les jardins de la demeure royale. En 1495, il demande l’aide à deux maîtres maçons, Dominique de Cortone et Fra Giocondo pour donner une allure royale à cette demeure. Puis, à la demande du roi, le bailli d'Amboise, Raymond de Dezest, et trois architectes, Colin Biart, Guillaume Senault et Louis Armangeart, vont faire renaître le château à l'aide de pas moins de 250 maçons. A force de travail acharné, le château sera composé de plusieurs nouveaux bâtiments: l’aile du logis du Roy, puis la grosse tour des Minimes avec sa large rampe hélicoïdale, la tour Hurtault (ou tour de César) et la chapelle Saint-Hubert en gothique flamboyant. En l’espace de six années de 1492 à 1498 le château devint magnifique. Dès lors, le château fût composé de deux logis: l'un face à la Loire, orienté au nord; l'autre orienté vers l'Amasse. (De ces deux logis, seul le premier subsiste aujourd'hui.). Charles VIII y décède accidentellement en 1498. Louis XII lui succédant, les travaux continuèrent toujours avec la même ardeur. Ce n’est pas la mort du souverain qui empêchera son successeur, François 1er, de passer sa jeunesse ainsi que les premières années de son règne au château d’Amboise. Le jeune monarque invita en 1516 le plus grand des génies de l’époque, Léonard de Vinci, à résider à Amboise, au Manoir du Clos Lucé. Ce sera d’ailleurs une période fastueuse pour la ville. Louise de Savoie, mère du nouveau roi, ayant hérité du château d’après les volontés du feu roi, vivra dès lors, au château. Château et Sires de St Sauveur Le Vicomte De 1375 à 1418 différents hommes d'armes se succèdent à la garde du Château. Mais la guerre reprend avec Henry V, roi d'Angleterre, le château retombe aux mains des Anglais le 25 mars1418. A cette époque le château comportait deux systèmes de défense : Le grand château et le bas château qui avaient chacun " un portier " ; le bourg avait aussi ses fortifications. Ce n'est qu'après la bataille de Formigny le 14 avril 1450que St Sauveur rentra définitivement aux mains des Français. Mais en 1473 la Baronnie de ST Sauveur appartint à la Famille de Vilquier, puis elle revint à la couronne. En 1575 le roi Henri III la vendit à Christophe de Bassompierre et en 1666 elle appartint au Comte de Toulouse puis à ses descendants jusqu'à la Révolution. Les bâtards royaux et le pouvoir Turbulents, ambitieux, et conspirateurs. Sous l'Ancien Régime, le sort des bâtards nés dans le peuple n'était guère enviable mais il s'améliorait à mesure que s'élevait la classe sociale de leurs pères. En effet, en bien des châteaux, les enfants naturels étaient élevés avec les légitimes. Dans l'immense lignée de Capétiens, le bâtard, s'il était reconnu, bénéficiait partiellementdu prestige et même du caractère sacré, quasi magique " Sang de France ". Il était d'ailleurs soumis à la hiérarchie dynastique. C'est ainsi qu'il y eut entre autres un " Grand " Bâtard de Bourgogne, un " Grand "Bâtard de Bourbon. Ce titre dû à l'aînesse ne donnait naturellement aucun droit à la succession royale ou ducale. Mais le plus illustre des bâtards fut celui que la postérité devait connaître sous le nom duc comte de Dunois bien qu'il ait reçu ce titre seulement à trente-six ans. Jusque là, ilse nommait fièrement, Bâtard d'Orléans. C'était eneffet le fils naturel de Louis duc d'Orléans, lui-même fils cadet de Charles V, ce qui, par le sang, faisait de lui un cousin germain de Charles VII dont il épousa la cause pendant la dernière partie de la guerre de Cent Ans. Cependant il faut dire que, s'il défendit vaillamment Orléans contre les Anglais, ce fut moins par loyalisme envers le " roi de Bourges " que pour sauvegarder le bien de son demi-frère le poète Charles d'Orléans, prisonnier depuis la bataille d'Azincourt. Il commençait à désespérer quand surgit l'armée de secours conduite par Jeanne d'Arc. Les rapports du jeune prince et de la bergère furent d'abord orageux. Mais, tandis qu'ils se disputaient de la meilleure stratégie à suivre, le vent qui soufflait sur la Loire et qui était le principal sujet de leur querelle changea subitement de direction, donnant raison à la jeune fille. Le Bâtard regarda cela comme un miracle, dès lors, crut en la Pucelle, combattit à ses côtés et, beaucoup plus tard, déposa en sa faveur lors de son procès en réhabilitation. Bienqu'au cours de sa longue carrière, Dunois s'alliât deux fois aux féodaux, la première contre Charles VII, la seconde contre Louis XI, il contribua à la libération de la France et servit utilement le roi en son Conseil. Il fut l'ancêtre des ducs de Longueville dont le dernier s'éteignit sous Louis XIV. La Bourgogne État indépendant Philippe le Hardi recueille en 1384 l'immense héritage de son épouse Marguerite de Flandre (notamment les comtés de Flandre, de Bourgogne, d'Artois, de Nevers, de Rethel, les seigneuries de Salins, de Malines et d'Anvers). Philippe le Bonaccroît ces domaines par achats, mariage et héritages des comtés de Namur, de Hainaut, de Hollande, de Frise et de Zélande, ainsi que des duchés de Brabant, de Limbourg et de Luxembourg de 1467 à 1477. Enfin, Charles le Téméraire conquiert le duché de Gueldre et la Lorraine. Les ducs de Bourgogne se rendent peu à peu indépendants de la Couronne de France, à la faveur de la guerre de Cent Ans. Si Philippe le Hardi se conduit encore comme l'un des grands seigneurs du royaume de France, son fils Jean sans Peur est d'abord le chef de la faction des Bourguignons, opposés aux Armagnacs. Organisateur du meurtre de Louis d'Orléans en 1407, il est lui-même assassiné en 1419. Son fils, Philippe le Bon, se dispense de l'hommage au roi de France, Charles VII, tenu pour responsable de cet assassinat. Surnommé le « Grand duc d'Occident », il détermine, par les fluctuations de sa politique d'alliance, le succès des Anglais et des Français dans leur longue lutte. S'il rend l'hommage à Louis XI, il préserve l'indépendance de fait de ses États. Fils et successeur de Philippe le Bon, Charles le Téméraire poursuit la politique d'expansion territoriale de ses prédécesseurs. Mais ilest contrecarré dans ses desseins par Louis XI, et la lutte sans merci qu'ils se livrent l'un contre l'autre affaiblit définitivement les États bourguignons. Après la mort de Charles le Téméraire et à la suite du mariage de sa fille, Marie, avec Maximilien de Habsbourg, les États sont partagés entre la France et la maison d'Autriche. Le grand conseil organise une armée régulière et crée en 1429 l'ordre de chevalerie de la Toison d'or, symbole de la puissance et du rayonnement culturel du « grand duc d'Occident » Le duché de Bourgogne, qui comprend le Nord de la France, la Belgique et la Hollande, devient un centre important de la mode vers le milieu du 14ème siècle, éclipsant la France ruinée par la guerre de cents ans. Les vêtements des nobles et des bourgeois tendent à se ressembler, instaurant une véritable mode vestimentaire, remplaçant ainsi les habits qui auparavant servaient à affirmer la position sociale. Les aristocrates ne réalisent plus leurs costumes mais en confie l'élaboration à des artisans qui commencent à se multiplier. Chaque élément du vêtement est élaboré par un artisan spécialisé. Ainsi vont se différencier les habitscivils, militaires et religieux ; les habits de fête et ceux de tous les jours ; ceux des jeunes filles ou des femmes mariées. Les coupes de cette époque est caractérisée par des formes allongées et pointues, tant dans les vêtements que dans les chaussures ou les coiffures. Les chaussures allongées, nommées des poulaines, peuvent mesurer jusqu'à trois fois la longueur du pied chez les rois et seulement une fois et demi pour les hommes du peuple. La pointe des poulaines était si longue dans les années 1420 qu'il fallait l'attacher àla jambe avec une chaîne en or ou argent. Les décolletés sont importants et les chapeaux très extravagants. Certains, nommés des hennins, mesurent jusqu'à soixante centimètre de long. Ces excès disparaîtront au 16ème siècle. Costume à la cour de bourgogne (photo http://www.renaissance-amboise.com/) Les tissus sont plutôt raffinés mais de couleur souvent sombre pour mieux faire ressortir les bijoux et les grelots que l'on trouve sur les ceintures, les chaussures ou les chapeaux. Au 14ème siècle, les ceintures se réduisent à de simples lanières d'étoffe ou à une cordelette nouée sur les hanches. Cette ceinture servira à y suspendre des choses (miroir, éventail, breloque) au 16ème siècle. L'homme porte un pourpoint court, moulant avec un col haut. A sa taille il est maintenu par une ceinture. Il porte en dessous une chemise à manche longue et des braies courtes. Les manches du pourpoint sont fendues au niveau de l'avant-brasce qui permet de montrer les vêtements de dessous. Les épaules, la poitrine et le dos sont rembourrés. Généralement les jambes ne sont couvertes que de collants. Par dessus, l'homme porte, soit une longue robe fourrée à manches longues ou traînantes nommée houppelande, soit un chasuble cousu avec des fentes appelé pertuis. La femme porte des robes longues, moulantes, plutôt décolletées et tombant jusqu'au sol. Le corsage est échancré. Les femme doivent porter ce que l'on appelle le tassel, qui cache la chemise intime. Sur ces robes, au niveau des poignets, nous trouvons des bombardes, qui sont des volants retombant sur les mains. Ces bombardes sont parfois remplacées par des tippets, qui sont de longues bandes décoratives. Sur la robe nous trouvons également des fentes pour y glisser les mains. Par dessus, la femme revêt un surcot fait de brocard bordé de fourrure. Ce surcot deviendra un vêtement majeur dans les tenues officielles jusqu'au 17ème siècle. Pour sortir, la femme se couvre d'un voile ou d'une coiffe. Seules les servantes vont tête nue. La coiffure se porte en arrière. Le front est rehaussé par une épilation des sourcils. Les cheveux sont redescendus sur les tempes par deux chignons sur lesquels est posée une résille. Sur cette dernière, estposé un voile nommé la huve ou le hennin. La Sologne Donjon de Menetou 15ème siècle La Sologne connut une période de paix jusqu'au début du 15ème siècle. Les habitants de la Sologne participèrent encore une fois vaillamment à la lutte contre les Anglais, et en 1429 Jeanne d'Arc s'arrêta même à Selles. Au milieu du 15ème siècle Romorantin passa sous le contrôle de Jean d'Angoulême. A la suite des guerres le pays était presque en friche et des brigands infestaient le pays. Sous l'influence bénéfique de Jean d'Angoulême, puis de son fils Charles père du futur François Ier, et du duc d'Orléans le futur Louis XII lepays se redressa peu à peu et connut une grande prospérité. D'autres grands seigneurs participèrent à l'épanouissement de la région, comme Jean du Thier, seigneur de Beauregard, la famille de Beauvilliers à la Ferté Hubert, et le seigneur de Cheverny. Pendant cette période de prospérité, les bourgeois qui s'étaient enrichis prirent une part de plus en plus active dans l'administration de la région. De grands travaux d'urbanisme furentainsi entrepris à Romorantin au début du 16ème siècle avec l'aide de François Ier. Région d’Amboise Avant d'être à la couronne, le Château d'Amboise appartenait à la famille d'Amboise. Louis d'Amboise fut en effet condamné à mort par le Roi Charles VII le 8 mai 1431 pour avoir essayé de l'enlever en compagnie de son favori Georges de La Trémoille au château de Chinon. Le château et la seigneurie d'Amboise ainsi que le château de Montrichard lui furent confisqués et rattachés à la couronne par lettres patentes le 4 septembre 1434. Au milieu du 15ème siècle, alors que la ville était sous l’emprise des Anglais, le roi Charles VII repris la ville à ses envahisseurs. Louis XI, son successeur, commença alors les travaux de reconstruction du château. Ce fut Charles VIII qui décida de reconstruire entièrement la forteresse. Depuis sa naissance, il avait vécu à Amboise. Très attaché à sa ville, il voulut lui redonner toute la splendeur qu'elle méritait. Il ramena alors d’Italie un certain nombre de meubles et fit appel à Pacello de Mercogliano, horticulteur italien, afin d’aménager les jardins de la demeure royale. En 1495, il demande l’aide à deux maîtres maçons, Dominique de Cortone et Fra Giocondo pour donner une allure royale à cette demeure. Puis, à la demande du roi, le bailli d'Amboise, Raymond de Dezest, et trois architectes, Colin Biart, Guillaume Senault et Louis Armangeart, vont faire renaître le château à l'aide de pas moins de 250 maçons. A force de travail acharné, le château sera composé de plusieurs nouveaux bâtiments: l’aile du logis du Roy, puis la grosse tour des Minimes avec sa large rampe hélicoïdale, la tour Hurtault (ou tour de César) et la chapelle Saint-Hubert en gothique flamboyant. En l’espace de six années de 1492 à 1498 le château devint magnifique. Dès lors, le château fût composé de deux logis: l'un face à la Loire, orienté au nord; l'autre orienté vers l'Amasse. (De ces deux logis, seul le premier subsiste aujourd'hui.). Charles VIII y décède accidentellement en 1498. Louis XII lui succédant, les travaux continuèrent toujours avec la même ardeur. Ce n’est pas la mort du souverain qui empêchera son successeur, François 1er, de passer sa jeunesse ainsi que les premières années de son règne au château d’Amboise. Le jeune monarque invita en 1516 le plus grand des génies de l’époque, Léonard de Vinci, à résider à Amboise, au Manoir du Clos Lucé. Ce sera d’ailleurs une période fastueuse pour la ville. Louise de Savoie, mère du nouveau roi, ayant hérité du château d’après les volontés du feu roi, vivra dès lors, au château. Château et Sires de St Sauveur Le Vicomte De 1375 à 1418 différents hommes d'armes se succèdent à la garde du Château. Mais la guerre reprend avec Henry V, roi d'Angleterre, le château retombe aux mains des Anglais le 25 mars1418. A cette époque le château comportait deux systèmes de défense : Le grand château et le bas château qui avaient chacun " un portier " ; le bourg avait aussi ses fortifications. Ce n'est qu'après la bataille de Formigny le 14 avril 1450que St Sauveur rentra définitivement aux mains des Français. Mais en 1473 la Baronnie de ST Sauveur appartint à la Famille de Vilquier, puis elle revint à la couronne. En 1575 le roi Henri III la vendit à Christophe de Bassompierre et en 1666 elle appartint au Comte de Toulouse puis à ses descendants jusqu'à la Révolution. En ce début du 15ème siècle, l'État français n'est plus. La France est “anglaise”. Depuis le traité de Troyes signé le 21 mai 1420 qui a suivi le désastre d'Azincourt où la chevalerie française s'est enlisée dans la boue “jusque au gros des jambes”, et littéralement étouffée elle-même sous le poids de ses armures. Une hécatombe dans les rangs de la noblesse du royaume. Selon les clauses du traité, Charles VI renie et déshérite son fils le dauphin Charles et reconnaît le roi d'Angleterre Henri V comme héritier du royaume de France. A la mort de ce dernier en 1422, son fils Henri VI lui succède. C'est un bébé de six mois. Son oncle le duc de Bedford exerce en son nom la régence en France. Quelle France ? En fait il en existe trois. La France “anglaise”: elle comprend la Normandie, la Guyenne et une partie des régions situées au nord de la Loire. La France du “royaume de Bourges”: en gros la moitié méridionale du pays dans laquelle s'est réfugié le dauphin Charles avec des partisans fidèles, qui l'ont reconnu roi après le décès de son père. Enfin la France de “l'État bourguignon” : donné en apanage au duc de Bourgogne. Ce vaste territoire s'est agrandi de l'Artois, de la Flandre, du Brabant et des Pays-Bas. De Philippe III le Hardi à Jean sans Peur et au dernier duc Philippe le Bon, tous ont contribué à consolider leur puissance en faisant de leur apanage un véritable État indépendant. Restée à l'écart des opérations militaires, la France bourguignonne est la plus riche et, malgré les malheurs des temps, la cour des ducs brille par son faste et sa magnificence. Qui gouverne la France ? Le régent anglais le duc de Bedford ? Le petit roi de Bourges ? Le duc de Bourgogne Philippe le Bon ? Cette situation politique extrêmement confuse ajoute encore à l'état pitoyable de la France. Mais les difficultés ne datent pas d'hier. Elles sont le résultat de plusieurs facteurs conjugués: la crise dynastique, les ravages des épidémies et de la guerre, le marasme économique qui en est la conséquence. Depuis Hugues Capet, la belle continuité monarchique a été brisée. Quand le dernier roi capétien meurt sans laisser d'héritier mâle, les évêques et les barons du royaume sont alors contraints d'élire un neveu du souverain, Philippe VI de Valois. Avec lui naissait une nouvelle dynastie. Mais ce changement ne fait pas l'adhésion de tous. En France, il sert de prétexte aux prétendants évincés pour se rebeller, pour former des partis hostiles, pour faire de leurs apanages des états dans l'État, bafouant ainsi l'autorité royale. En Angleterre, le roi qui se considère également comme un prétendant possible au trône, entre en conflit avec le nouveau roi de France. C'est le début de la guerre de Cent Ans ou plus exactement de cent ans d'hostilités entre les deux royaumes. Cette longue période de conflits intermittents (en moyenne une année de guerre sur cinq), coupée de trêves et de négociations est cependant désastreuse pour le pays. Bien que n'affectant que quelques cantons successivement, la guerre est profonde et destructrice. Les campagnes sont dévastées, soit par le pillage destroupes anglaises qui vivent dans le pays, soit par les destructions tactiques des Français qui visent à priver l'ennemi de ravitaillement. De plus la guerre a changé dans ses techniques et dans la mentalité des guerriers. Les armes à poudre sont de plus en plus employées, et l'artillerie seconde les toujours redoutables archers et les nouveaux arbalétriers. Pour s'en protéger, les chevaliers endossent une armure complète, exagérément lourde (de 20 à 60 kg) qui les entrave et rend le combat à cheval quasiment impraticable. La chevalerie anglaise s'adapte mieux. Elle a introduit la lutte au sol avec des armes courtes, des poignards qui se glissent facilement dans les jointures des armures. A l'inverse des chevaliers français qui dédaignent leur aide, les Anglais s'entourent d'archers montés, donc très mobiles. Tactique qui va leur apporter une supériorité décisive et tous les succès militaires. Nouveaux moyens, nouvel esprit. Les guerriers sont désormais des spécialistes qui traitent la guerre en hommes de métier et non plus comme une joute réglée par un code de courtoisie et des gestes “chevaleresques”. Rares sont les batailles rangées où deux blocs s'affrontent toutes lances dehors. La guerre est faite d'embuscades, d'escarmouches, de chevauchées rapides. La ruse et la surprise priment. L'ennemi est harcelé par des petites bandes bien armées et d'une grande mobilité. Ce sont exclusivement des entrepreneurs de combats. Le roi traite avec ses mercenaires, aventuriers de toutes origines (Allemands, Bretons, Comtois, Basques, Espagnols etc.). Moyennant une rémunération substantielle, ces capitaines, issus pour la plupart de la noblesse, mettent à la disposition du roi leurs “compagnies ou routes”, d'où leur nom de “routiers”. Le groupe d'une quinzaine ou trentaine d'hommes au plus est fortement solidaire sous l'autorité du chef. Mais quand viennent les trêves les compagnies se dissolvent. Dès lors les hommes astreints au chômage pillent, attaquent les caravanes, exigent tribut aux villes en échange de leur “ protection ”. Mais ceux que les citadins et les villageois appellent les “écorcheurs” ou “retordeurs” grossiront bientôt les rangs des compagnons de Jeanne d'Arc. Jamais terminée malgré les trêves, la guerre est coûteuse, dévoreuse de monnaie, ruineuse pour le trésor royal. Où trouver de nouvelles ressources pour la financer? Le temps féodal n'est plus où l'on pouvait lever une armée sans la payer, où nobles vassaux et simples soldats devaient aide au souverain. Les soldats comme les routiers ont désormais une solde. La gabelle (taxe sur le sel), la taille (impôt sur chaque feu c'est à dire sur chaque famille paysanne) ne suffisent plus. Des levées “extraordinaires”, les maltôtes, constituent des ponctions supplémentaires dans l'épargne privée des bourgeois ou dans celle des paysans. Le coût insupportable de la guerre frappe également la noblesse qui doit réunir l'argent de rançons énormes pour délivrer un seigneur prisonnier. Elle n'en a souvent plus les moyens et le combattant captif peut rester des années aux mains de l'ennemi. Par dizaines des lignages se sont ainsi éteints.Par domaines entiers les terres ont été laissées à un abandon forcé. Poussés par la guerre, les paysans se sont enfuis à l'abri des murailles des cités. Car à moins d'une ruse ou d'une trahison, la ville fortifiée demeure imprenable. Le siège, interminable pour les deux parties, est souvent abandonné. Mais les terres environnantes gardent longtemps les empreintes des exactions ennemies. Après le passage des hommes en armes, la campagne ressemble à un désert. Les bâtiments de ferme sont brûlés, les récoltes saccagées, les outils volés, les vignes, fours et moulins anéantis pour longtemps. Pour les paysans c'est le début de l'exode. En quête de sécurité ou de conditions de vie moins misérables, ils abandonnent derrière eux la terre laissée en friche, qui retourne vite à la forêt, au taillis ou en “ épines ”. Pour les contemporains de Charles VII le bon temps était l'époque où tous avaient toujours de quoi manger. Ce temps est révolu. Mais l'occupant anglais et la guerre n'en sont pas les seuls responsables. Après un formidable essor, la France comme toute l'Europe subit une crise massive. Recul des espaces cultivés, mais aussi stagnation des rendements, pas d'amélioration dans l'outillage, régression de la production vivrière. Avant les méfaits de la guerre, c'était déjà le déclin des campagnes et leur dépeuplement: la courbe démographique a chuté. Les intempéries répétées et les famines qui s'ensuivent en sont les causes premières. Durant des décennies la hantise de la faim va obséder le paysan comme l'homme de la ville. Cependant le fléau majeur reste la Peste noire. Apparue au milieu du 14ème siècle, se prolongeant par poussées intermittentes au 15ème siècle, la peste a traversé la France du sud au nord. Souffrant d'une sous-alimentation chronique, la population résiste mal aux chocs de l'épidémie. Selon les régions, le quart, le tiers, la moitié, parfois 80 % de la population disparaît. De 1330 à 1450, le pays passe de 20 millions à 10 millions d'habitants ! Le mal a gagné partout en dépit des cordons sanitaires aux portes des villes, des feux d'herbes aromatiques dites “désinfectantes de l'air”, des pénitences collectives, des processions de flagellants, du massacre des Juifs rendus responsables de la calamité ou des recherches nombreuses de la Faculté de médecine. La mort qui fauchepareillement chevaliers ou vilains, pauvres ou riches, faibles ou forts, hante toute la population. La religion constitue un recours et devient plus individuelle. On appelle au repentir. Des prêcheurs haranguent les foules des villes. Pour leur édification on multiplie la représentation des Passions, des Mystères à grand renfort de machineries et de figurants. L'image de la mort est partout, dans les livres ou ornant tombeaux. On se prépare à la mort en pratiquant une religion plus profonde, moins tournée vers la contemplation de Dieu que fondée sur l'idée du péché et de la crainte de l'Enfer. Aux malheurs des temps s'ajoute l'effondrement économique. L'économie d'échanges n'est plus regroupée autour de l'axe routier Flandre Italie. Traversant les pays français, cet axe avait fait leur étonnante prospérité aux siècles précédents. Jadis carrefour commercial, la France se situe maintenant un peu à l'écart, dans une Europe qui a créé de nouveaux foyers économiques et des itinéraires marchands par mer, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Italie ou en Espagne.Bruges, Gand, Anvers, Gènes, Barcelone, Londres ont remplacé les foires grouillantes de marchandises de la Champagne et de la Brie. La pénurie du numéraire, les désordres monétaires, l'abaissement très net du pouvoir d'achat du haut clergé comme des seigneurs ruraux, expliquent la paralysie de l'activité commerciale autant que les déplacements des grands circuits marchands. Comme celle des campagnes, l'activité urbaine a beaucoup décliné. Ruines, maisons branlantes,quartiers désertés attestent de l'appauvrissement général. Comme en milieu rural, le nombre des habitants a parfois diminué demoitié (de 40 000 à 20 000 à Toulouse). Les associations de métiers se durcissent et se sclérosent. Comparé à son confrère italien, le marchand des cités provinciales paraît singulièrement retardataire. Il vend un peude tout (produits de première nécessité) sans pouvoirse spécialiser. En temps de disette, il est essentiellement pourvoyeur de grain. Symptôme des temps difficiles, la grande industrie drapière elle-même entre en décadence. Arras résiste cependant grâce à la fabrication nouvelle de la tapisserie de haute lisse, très à la mode dans les demeures nobles. Car le marasme n'est pas absolument général. En dépit du commun fléchissementde la fortune, quelques hommes s'enrichissent. Des entrepreneurs de guerre placent leurs immenses profits dans des seigneuries foncières. Des familiers du prince ou du souverain, directement branchés sur la fiscalité, font de prodigieuses ascensions. Tel Jacques Cœur, fils d'un pelletier de Bourges devenant l'homme le plus riche du royaume, maître des monnaies, grand argentier de Charles VII et anobli par lui. Il construit en moins de dix ans, son hôtel particulier à Bourges qui a coûté la somme folle pour l'époque de 100 000 écus d'or. Quelques îlots exceptionnels de prospérité subsistent donc dans un pays politiquement cloisonné. Ainsi par exemple les capitales politiques comme Bourges mais aussi Paris ou Dijon. Les villes où résident les cours royales ou princières sont devenues des places de commerce ou d'argent. Là converge tout l'or des impôts. Levées sous prétexte de guerre, des sommes fabuleuses sont dépensées dans le luxe etles fêtes par les princes. La cour de Bourgogne est la plus brillante. Son palais de Dijon et ses châteaux de campagne regorgent d'objets et d'œuvres d'art commandés aux Pays-Bas ou en Italie. On fait appel aux meilleurs compositeurs pour élaborer un nouveau style musical ; on charge les plus habiles artistes d'éclairer de vitraux des chapelles privées. Les tombeaux des ducs de Bourgogne, avec à leurs pieds un cortège sculpté des princes du sang et des grands vassaux, ont vite fait école hors du duché. Moins fastueuse la cour de Charles VII à Bourges, va néanmoins retrouver tout son éclat à Paris, après qu'une petite paysanne sera entrée en scène, triomphera de l'Anglais et permettra le sacre du roi à Reims, le 17 juillet 1429. La France a de nouveau un vrai souverain, oint du Seigneur. En le sortant de son “ exil ”, Jeanne d'Arc semble avoir insufflé au roi l'énergie de se battre, et redonné aux Français la force de relever la tête. Ceux qui vivaient encore dans les territoires occupés ont compris que les Anglais “ne recherchaient qu'à les accabler et à les faire périr sous le poids des misères”. Le sursaut est général, enflammé par le revirement de la fortune des armes. Les soulèvements se multiplient, villes et places fortes tombent successivement aux mains des Français. Sagement conseillé, totalement transformé par ses succès, Charles VII se réconcilie avec le duc de Bourgogne qui reconnaît enfin sa légitimité. Grâce à la réorganisation complète de l'armée et son institution en corps permanent, l'Île-de-France est reconquise. Paris est libéré, puisen quelques années toute la Normandie et la Guyenne. La France en a fini avec la présence anglaise et la guerre de Cent Ans. Dès lors elle peut reprendre haleine, se reconstruire. C'est ce à quoi toute la nation s'emploie durant les vingt dernières années du règne de Charles VII. Le roi est le principal acteur de cette rénovation. Secondé par des conseillers énergiques, nobles et bourgeois, il restaure l'autorité royale en mettant fin aux intrigues de cour et aux derniers États princiers. Mais ce triomphe de la royauté ne peut être durable que par l'union de toutes les régions au domaine de lacouronne. Par confiscations, par la diplomatie, la rigueur ou par héritage, le domaine finira par s'élargir au-delà des limites du royaume. Bien administrer ce vaste territoire exige des réformes. Les “gens du roi” (agents de justice, sergents d'arme et de police, auxiliaires de tous rangs, clercs et laïcs) ont considérablement gonflé l'appareil administratif. C'est une lourde machine mais capable de fonctionner par elle-même, de gouverner efficacement avec son Parlement, sa Chancellerie, sa Chambre des comptes. Voulue par le souverain, la puissance publique se met en place de façon progressive mais profonde. L'ordre est rétabli dans la justice. Nomination des magistrats, exercicede leurs fonctions, règles de procédures sont fixées. La rédaction du droit coutumier, jusqu'alors oral, est inaugurée. En province, des villes comme Grenoble, Toulouse, Bordeaux, Perpignan sont dotés d'un Parlement. Des assemblées d'état répartissent les taxes. A force d'être sans cesse renouvelés pour l'effort de guerre, les impôts “extraordinaires” sont devenus réguliers. Sans violence, presque subrepticement, une transformation essentielle s'est produite dans la fiscalité: la monarchie a instauré un système d'imposition permanent qui remplit régulièrement les caisses de l'État. Pour faciliter la perception des impôts, on crée un corps de fonctionnaires spécialisés: généraux des finances et receveurs. Priorité est donnée aux campagnes. Toutes initiatives individuelles pour repeupler et remettre en culture les terres sont fortement encouragées. Des ordonnances royales favorisent la renaissance de l'activité économique: exemption d'impôt pour les paysans revenus cultiver les terrains en friches. Le roi offre également des primes à tous ceux qui débarrasseraient les campagnes et les abords des villes des hordes de loups, qui menacent jusqu'aux portes de Paris. Dans les champs, dans les vignes, dans les bois on travaille avec une ardeur redoublée. Les progrès de l'agriculture commencent à porter leurs fruits. Des villages nouveaux surgissent. Les cités se relèvent de leurs ruines. On constate une sensible reprise industrielle. Les fabrications se raniment, des industries nouvelles se développent. Jean Gobelin pratique à Paris la teinture de tapisseries auxquelles il a légué son nom. L'imprimerie est introduite à Lyon et dans la capitale. Les gisements de plomb argentifère sont relancés. Le système monétaire est enfin assaini. L'unité de la langue devient un élément de l'unité française. De la Bretagne aux pays occitans, le français est langue officielle. Il se substitue partout au latin dans les actes de Chancellerie et tous les actes publics dans les parlements régionaux. Un véritable élan créateur prend son départ vers 1440. Né du gothique, l'art flamboyant transfigure le décor architectural. En même temps est née la grande peinture. Aux enluminures des livres, les amateurs préfèrent maintenant le tableau peint sur panneaux de bois. Il connaît son épanouissement dans l'œuvre de Jean Fouquet, peintre du roi et de quelques grands personnages du royaume tel le Chancelierde France Guillaume Jouvenel des Ursins. Revenus à la cour à Paris avec Charles VII, les artistes, peintres, sculpteurs et maîtres verriers contribuent également à une vraie renaissance artistique. La capitale s'embellit de nombreux hôtels particuliers en pierre, de fontaines richement décorées. Les églises sont parées d'une exubérante floraison sculpturale de feuillages et d'arabesques qui expriment l'opulence et la joie de vivre retrouvées. Paris qui a survécu au désastre de la guerre de Cent Ans est plus que jamais au 15ème siècle et bien au-delà, “ le foyer où s'élabore les modes, où s'inventent les rites sociaux, où se définit le style de vie, où se forme le goût de tous ceux qui en Europe prétendent vivre noblement. ” Le fait qui fera basculer l’histoire est la folie du roi, alternativement lucide, hystérique et prostré, depuis 1392. De plus en plus souvent le roi de France Charles VI s'enfonce dans ses crises où il brise tout ce qui l'entoure, sans se rappeler de ses actes lorsqu'il retrouve la raison, il se met à pleurer. Il chasse son épouse Isabeau du lit conjugal. La reine mène des activités pieuses, soutient l'Église mais n'oublie pas de se constituer une fortune personnelle, dont l'achat d'un grand hôtel particulier à Paris pour y recevoir ses amis à sa guise ! C’est en 1403 qu’une ordonnance est créée qui institue la régence et le gouvernement pendant “ les absences ” du roi, faible mot pour parler des crises de démence du souverain. Ses oncles reprennent la régence, mais devant la déficience du roi deux partis s'affrontent autour de la reine Isabeau pour une véritable bataille du pouvoir: d'un côté Louis d'Orléans, frère du roi. De l'autre côtéPhilippe le Hardi, duc de Bourgogne. Mais se sera la reine de France Isabeau qui obtient du roi son époux les pleins pouvoirs durant sa maladie. En janvier 1404 C’est la reprise des hostilités entre la France et l'Angleterre. C’est la même année que disparaissent Louis d'Anjou et Philippe de Bourgogne, à ceux-ci succèdent Louis II d'Anjou et Jean sans Peur. Le propre frère du roi, Louis d'Orléans, participe aux intrigues. Il est allié au pape d'Avignon et ennemi des Anglais, alors que le duc de Bourgogne veut éviter toute tension avec l'Angleterre à cause de la Flandre, et est allié du pape de Rome. En Angleterre, les Lancastre déposent puis assassinent Richard II, partisan de la paix, et établissent une nouvelle dynastie, qui débute par Henri IV, puis Henri V. En juin 1405 à lieu un débarquement anglais dans le Cotentin. Le 23 novembre 1407, le duc Louis d'Orléans est assassiné par une bande de malfrats masqués. Ses valets et ses gardes, qui l'escortent, sont impuissants à le protéger. Le crime a lieu à Paris, rue Vieille du Temple, dans le quartier du Marais où se tiennent les hôtels et les palais des Grands du royaume et du roi lui-même. Il trouve la mort en sortant de l'hôtel Barbette où réside la reine Isabeau de Bavière, sa belle-soeur. Celle-ci, encore alerte et séduisante à 39 ans malgré une douzaine de grossesses, préside le Conseil de Régence qui gouverne le pays depuis que le roi a été frappé de folie, quinze ans plus tôt. La victime participe à ce Conseil de même que son cousin, le duc de Bourgogne Jean sans Peur, et ses oncles, les ducs d'Anjou, de Berry et de Bourbon. Ces princes du sang profitent de la maladie du roi pour mettre le pays en coupe réglée. Mais, comme dans un roman noir, leur connivence est troublée par la complicité de Louis d'Orléans avec la reine, qui fait craindre à certains que le frère du roi ne prenne le dessus au Conseil. Les rivaux du duc d'Orléans ne se font pas faute de répandre des rumeurs sur l'inconduite d'Isabeau et sur ses relations coupables avec le séduisant Louis. On va découvrir sans surprise que les meurtriers du prince ont agi sur ordre du duc de Bourgogne Jean sans Peur. Il a 35 ans, comme sa victime, et doit son surnom à sa participation à la bataille de Nicopolis. Les deux hommes se haïssaient ouvertement. Jean a ajouté une ortie au houblon qui figure sur ses armoiries. Au porc-épic qui illustre les siennes (le porc-épic a la réputation de pouvoirlancer ses épines contre ses ennemis), Louis a alors ajouté un bâton pour battre son adversaire. Jean a derechef introduit... un rabot dans ses armoiries! La population parisienne, forte de 300.000 âmes, est secouée par le drame et le commanditaire du crime se fait d'abord discret. Puis des rumeurs circulent. La veuve du duc d'Orléans, ValentineVisconti, fille du duc de Milan, n'inspire guère de confiance aux Parisiens. Le duc de Bourgogne est d'autre part très puissant et capable de beaucoup de choses imprévisibles. C'est ainsi que la ville, peu à peu, en arrive à pardonner aux assassins par crainte de plus graves ennuis.Le 23 novembre 1407 Jean sans Peur quitte Paris. Il y reviendra le 23 octobre 1411. Le 8 mars 1408, dans la grande salle de l'hôtel Saint-Pol, au cœur du Marais, un docteur en Sorbonne justifie hypocritement le meurtre de Louis d'Orléans, rangé au rang des tyrans et des adeptes en sorcellerie! Jean sans Peur pourra ensuite avouer tranquillement son crime. Par la paix de Chartres le 9 mars1409, Jean sans Peur a le pardon du roi. L'assassinat de la rue Vieille du Temple n'en a pas moins des conséquences dramatiques pour le royaume. Il transforme en guerre ouverte les rivalités entre les factions du duc de Bourgogne et du duc d'Orléans. Le fils de la victime, le poète Charles d'Orléans, demande appui au comte Bernard VII d'Armagnac, dont il a épousé la fille Bonne. BernardVII est un seigneur brutal et redouté. Il commande àune soldatesque nombreuse, originaire des pays de l'Adour et de la Garonne. Sans trop hésiter, il se met au service de son gendre. Pour cette raison, les partisans de Charles d'Orléans se font connaître sous le nom d'Armagnacs et pendant des décennies, le malheureux royaume résonnera de la querelle des Armagnacs et desBourguignons. Le 18 mai 1412 est signé un traité d'alliance entre les Armagnacs et Henri IV d'Angleterre. La première manche est gagnée par Jean sans Peur, qui s'est acquis une grande popularité auprès du petit peuple de Paris. Il impose sa domination sur la capitale en s'alliant à une faction populaire commandée par l'écorcheur Simon Caboche, d'où leur appellation de cabochiens ou écorcheurs. Les insurgés n'hésitent pas à attaquer la Bastille et à tuer le prévôt de Paris. Les universitaires en profitent pour préparer une réforme administrative connue sous le nom d'ordonnance cabochienne et qui tend à brider le pouvoir monarchique. Le roi est obligé de convoquer les États généraux en janvier 1413 et de signer l'ordonnance. En signe d'acceptation, il coiffe même le capuchon des cabochiens. Mais les exactions des Bourguignons et des cabochiens entraînent bientôt les habitants à se soulever et le 27 avril 1413 débute des émeutes contre les Armagnacs à Paris. Les cabochiens sont exterminés et le duc de Bourgogne doit céder la place aux Armagnacs. Le 28 juillet 1413 la paix de Pontoise entre les Armagnacs et les Bourguignons est signée et le 1er 1413 septembre les Armagnacs chassent les Bourguignons deParis. Le comte Bernard VII se rend maître de Paris et sefait nommer connétable par la reine Isabeau de Bavière. Ces troubles n'ont pas échappé au nouveau roi d'Angleterre, Henri V de Lancastre. Celui-ci en profite pour reprendre la guerre contre la dynastie rivale des Valois après une interruption de plus de 35 ans. Il a repris son pays, ses vassaux et les Gallois en main. Il s'allie d'abord aux Armagnacs (contre la Bourgogne, dangereuse à cause de la Flandre). Mais les exigences anglaises (restitution de la Normandie, la Flandre, la Bretagne, l'Aquitaine, et la main de la princesse royale Catherine) sont inacceptables pour les Français, et les Anglais changent de bord. Le 23 mai 1414 est signé le traité de Leicester marquant l'alliance entre l'Angleterre et la Bourgogne. Henri V débarque le 13 août 1415 près de Harfleur avec 1400 navires et un total de 30.000 hommes et obtient la neutralité bourguignonne. Les chevaliers français groupés autour de la faction des Armagnacs vont à sa rencontre pour lui couper la route de Calais. Ils se font battre à Azincourt au nord de la Somme, le 25 octobre 1415. Malgré l'avantage du nombre (50.000 combattants contre 15.000), les Français succombent car ils se montrent indisciplinés. Ils prétendent attaquer à cheval les lignes ennemies derrière lesquelles sont solidement retranchés les archers anglais. Les chevaliers chargent les archers sans se soucier d'attendre la piétaille. Mais ils sont encombrés par des armures qui atteignent jusqu'à 20 kilos et peinent à se déplacer sur un sol détrempé par la pluie. Dans la panique face aux volées de flèches, beaucoup de chevaliers chutent de cheval et sont faits prisonniers. La plupart des prisonniers (1700 environ) sont égorgés par les archers sur ordre du roi Henri V qui veut ainsi décapiter la faction des Armagnacs et renforcer ses alliés bourguignons. Les Anglais ne se soucient pas de les garder vivants pour les échanger contre rançon selon l'ancienne coutume féodale . Le maréchal Boucicaut et le duc Charles d’Orléans, neveu du roi Charles VI et chef des Armagnacs, est fait prisonnier. Il n'est pas égorgé comme ses compagnons d'armes mais devra demeurer 25 ans en Angleterre où il cultivera la poésie. Les Anglais prennent la Normandie. Henri V progresse lentement, ne voulant pas qu'une trop grande agressivité de sa part ne réunifie les Français sur son dos. Le désastre d'Azincourt relance la guerre de Cent Ans après une embellie de35 ans consécutive aux victoires de Charles V et de son connétable Bertrand Du Guesclin. S'ajoutant aux défaites de Crécy et Poitiers, Azincourt signe la mort de la chevalerie féodale. Le vainqueur d'Azincourt est le fils d'un usurpateur, Henri de Lancastre, qui renversa, emprisonna et fit assassiner le roi Richard II. Le 1er août 1417 Henri V débarque à Trouville et le 4 septembre 1417 il s'empare de Caen. A Paris, cependant, le mécontentement gronde contre les gens de Bernard VII qui font régner la terreur. Le 29 mai 1418, une violente émeute chasse les Armagnacs de Paris. Des milliers d'Armagnacs sont massacrés et le comte lui-même est découpé en rondelles. Le dauphin Charles trouve moyen de s'enfuir grâce au prévôt de la capitale. Prenant le titre de régent, il va poursuivre la lutte contre les Anglais à la tête de ce qui reste du parti armagnac. Le 21 septembre 1418 il créé un pouvoir à Bourges pour contrer celui de Paris. Paris n'en a cure et se soumet une nouvelle fois aux Bourguignons. C'est le triomphe de Jean sans Peur et de ses amis anglais. Le duc manœuvre à sa guise le pitoyable roi de France, Charles VI leFou, et sa femme, la reine Isabeau de Bavière. Le 19 janvier 1419 la capitulation de Rouen marque la fin de la conquête de la Normandie par Henri V et le 13 juillet 1419 est signé la paix de Pouilly le Fort entre Jean sans Peur et le dauphin. En effet, après de sanglantes querelles, le duc de Bourgogne Jean sans Peur, et l'héritier du trône de France le dauphin Charles, semblent disposer à mettre fin à leur rivalité qui ruine la France et ne sert que les intérêts du roi d'Angleterre. Ils se donnent rendez-vous sur le pont qui traverse l'Yonne à Montereau pour sceller leur réconciliation, le 10 septembre 1419. Imprudent ou téméraire, Jean sansPeur se rend sans protection armée au rendez-vous. L'atmosphère est tendue. Les compagnons du dauphin gardent rancune au duc pour l'assassinat de Louis d'Orléans, douze ans auparavant. Le duc s'agenouille avec respect devant le dauphin. Se relevant, il cherche un appui en posant la main sur le pommeau de son épée. Robert de Loire lance au duc: “ Mettez-vous la main à votre épée en la présence de monseigneur le Dauphin ?”. A cause de cette offense, Tanneguy du Chastel frappe le duc d’un coup de hache. Les chevaliers qui entourent le Dauphin l’achèvent. Le dauphin reste impassible. L'assassinat horrifie le pays et ravive la querelle des Armagnacs et des Bourguignons, au grand dam des Français loyalistes. Le nouveau duc de Bourgogne Philippe le Bon verse définitivement du côté anglais. Le 2 décembre 1419 une alliance est signé entre Philippe le Bon, duc de Bourgogne et Henri V d'Angleterre. Henri V n'en profite pas immédiatement. Il attend que le dauphin soit fini: celui-ci n'a plus de troupes, et sa mère la reine Isabeau déclare qu'il n'est pas le fils du roi. Les Bourguignons mènent le jeu en France. Par le traité de Troyes en 1420, les deux alliés dénient tout droit à la couronne de France au «soi-disant» dauphin. Ils poussent Charles VI et Isabeau de Bavière à renier et déshériter leur propre fils. Ils conviennent par ailleurs qu'Henri V épousera Catherine, la fille de Charles VI de Valois et d'Isabeau de Bavière. Il sera à ce titre le seul héritier de la couronne. Le 1er décembre 1420, Henri V fait une entrée triomphale à Paris en compagnie du roi Charles VI. L'université et les états généraux de langue d'oïl lui apportent leur soutien enenregistrant le traité de Troyes. C’est le 3 janvier 1421 que le dauphin est banni du royaume, mais celui-ci remporte la victoire de Baugé sur les Écossais et sur les Anglais le 22 mars 1421. Le 8 mai 1421 Charles et le duc Jean V de Bretagne scellent une alliance. L'empereur d'Allemagne, Sigismond, arbitre aussi en faveur de l'Anglais dans la rivalité dynastique qui partage la France. Les deux rois meurent en 1422 Henri V à Vincennes le 31 août, puis Charles VI le 21 octobre. On ne sait quelle affection emporte le roi Charles VI, qui meurt à cinquante-quatre ans. Alors qu’il a perdu la raison des années plus tôt, le roi est lucide au moment de mourir. Peu avant de rendre l’âme, il dit à sa fille Marguerite: “Ma fille, je te donne… Mais j’oublie que le roi de France ne possède plus rien !… Il ne peut plus donner que sa bénédiction”. Ce même jour, le fils d'Henri et Catherine, à peine âgé de dix mois, est comme prévu proclamé roi de France et d'Angleterre sous le nom d'Henri VI. Son oncle leduc de Bedford assure la régence en France. Humphrey, duc de Gloucester est nommé régent d'Angleterre. Le 30 octobre 1422 le dauphin Charles se proclame roi à Bourges et le 11 novembre 1422 Henri VI est proclamé roi de France et d'Angleterre La France en 1420 La France est désormais divisée entre les possessions anglaises (dont Paris), les possessions bourguignonnes et les provinces du Midi restées fidèles au «petit roi de Bourges». Ce dernier, qui s'est auto proclamé Charles VII, ne croit guère en ses chances de survie. Il se remet mal de l'accusation de lèse-majesté et de parricide dans le crime de Montereau et doutemême de sa filiation. La situation de Charles VII est presque désespérée. Les Anglais, auxquels Isabeau de Bavière, mère du Dauphin, a donné le royaume de France lors du traité de Troyes, sont à Paris. En janvier 1423 Charles VII prend Meulan. Mais le 30 juillet 1423 les Bourguignons et les Anglais remporte une victoire sur Charles VII à Cravan. Puis le 26 septembre 1423 Charles VII est vainqueur à La Gravelle et en novembre 1423 il envahit Compiègne. Le 17 août 1424 à Verneuil-sur-Avre ce sont des troupes disparates qui au nom du Dauphin font face à celles du duc de Bedford. Auprès des bandes d’Etienne de Vignolles, qu’on appelle La Hire, du comte d’Aumale, il y a là des Lombards, des Piémontais et qui plus est quelques Écossais, des Anglais même et des Normands. A peine la bataille s’engage-t-elle que les Lombards et les Piémontais se débandent. Les flèches des archers anglais pleuvent. LesÉcossais sont massacrés. Aumale est tué. En quelques heures, l’armée du roi de France n’est plus rien. Fort du grenier à grain qu'est la Normandie, Jean de Lancastre, duc de Bedford, encouragé par deux récentes victoires sur l'armée de Charles, à Cravant et Verneuil conscient de sa supériorité de combat pousse son avantage en Beauce et vient mettre le siège devant laville stratégique d'Orléans afin de s'ouvrir la route vers Bourges. Au bout de six mois de siège héroïque, Orléans sera investie par les anglais, tandis que le dauphin Charles préférera transférer sa cour à Chinon. Seuls résistent le Mont Saint-Michel à l'ouest et la châtellenie de Vaucouleurs à l'est. Le 28 septembre 1424 Charles VII signe une trêve avec le duc de Bourgogne. Mais le 7 octobre 1425 par le traité de Saumur, quoiqu’il ne soit encore que Dauphin et que son royaume soit dérisoirement appelé le royaume de Bourges, Charles VII, reçoit l’hommage du duc de Bretagne Jean V. Il reste au jeune Dauphin d’autres cartes: les seigneurs du Sud haïssent les Anglais; les comtes de Foix et d'Armagnac, le Languedoc, le Lyonnais, les bandes des Gascons qui effraient tant les Parisiens lui sont fidèles, ainsi que Dunois, fils illégitime de Louis d'Orléans. Par haine des Anglais, les États Généraux locaux votent des fonds. Parallèlement, la population de la zone occupée rejette à nouveau les Anglais, quicontinuent la guerre et maintiennent les impôts. Des troubles éclatent. Les Anglais sont trop peu nombreux pour tenir très longtemps, et décident d'éliminer définitivement le royaume de Bourges. Ce n'est pas suffisant; bien d'autres puissants seigneurs sont alliés aux Anglais ou prisonniers en Angleterre (dont le fils de Louis d'Orléans, le duc poète Charles d'Orléans, père du futur Louis XII). On peut penser que la France et l'Angleterre n'auront bientôt plus qu'un seul roi... Mais le destin en décidera autrement par la grâce d'une bergère lorraine, Jeanne d'Arc. La guerre entre les Anglais et le roi Charles VII va désormais prendre le pas sur le reste. Elle se terminera avec la bataille de Castillon, près de Bordeaux, le 17 juillet 1453. La querelle des Armagnacs et des Bourguignons trouvera son épilogue en 1435 avec le traité d'Arras. La lutte reprendra une génération plus tard entre le roi de France Louis XI et la Bourgogne riche et puissante du duc Charles le Téméraire, fils de Philippe le Bon. La mort pitoyable du duc en 1477 et l'annexion de son duché au royaume y mettront un terme définitif. L'ARGENT XVIè SIECLE deco musique ! u Seizieme siècle, le système monétaire Français n'a rien d'un édifice rationnel. Il faut distinguer en effet ce qui relève de " la monnaie de compte", qui est une sorte de monnaie théorique et ne correspond à aucune monnaie physique, et de l'autre côté " la monnaie d'échange", que sont les pièces de monnaie qui vont de main en main afin d'échanger des produits ou des services. LES PIECES SONNANTES ET TREBUCHANTES ne pièce est généralement connue par l'effigie frappée sur une de ses faces, et non par sa valeur monétaire, qui n'est d'ailleurs pas indiquée. Si on adoptait ce système sur nos monnaies actuelles, l'Euro français s'appellerait "l'arbre RF". Et selon l'inflation ou la région dans laquelle cet Euro circulerait, il aurait une valeur de 0,90 Euro ou de 1,50 Euro. CRISE ET INFLATION e seizième siècle connaît une très forte progression des prix, ce qui entraîne dans sa seconde partie un appauvrissement du monde rural et des classes populaires urbaines (voir la GrandeRebeyne à Lyon) . La ration journalière de pain pour un travailleur manuel ou un agriculteur est de 1.7 Kilos. Ceci représente 89% des calories d'un paysan. En 1500, un artisan gagne environ 4 sous par jour, ce qui lui permet de se payer 15 Kg de pain, soit 8 jours de nourriture. Ce mêmeartisan en 1594 ne peut plus se payer que 9 Kg de pain, soit 4 jours de survie. Son pouvoir d'achat, on devrait plutôt dire sa capacité de survie, s' est divisé par 2 en l'espace d'un siècle. Un travailleur urbain lui n'a droit qu'à 5 ou 7 sous par jour, soit 2 jours de survie; et une femme travailleuse doit impérativement travailler chaque jour pour simplement survivre avec 3 sous. En 1500 les femmes gagnent en effet moitié moins que les hommes, et à la fin du 16ème siècle certaines ne gagnent plus qu'un seul sou par jour. Ceci s'ajoutant au problème des relations amoureuses, on comprend que la prostitution soit une tentation facile. Rappellons que les journaliers agricoles ne peuvent travailler que lorsque le temps le permet, et la durée totale de travail ne dépasse pas 1/3 de l'année. Au moyen-âge, un serf est une personne qui travail les terres pour un seigneur. Les inconnus qui firent l'Histoire Au Moyen Âge, les paysans avaient une conception du temps très différente de la nôtre; ils se le représentaient comme quelque chose qui se répétait sans cesse et qui revenait toujours à son point de départ, à l'instar des aiguillesd'une horloge. L'idée de progrès, d'une marche continue vers un mieux, leur était totalement étrangère. Le temps, pour eux, ne pouvaient être qu'à l'image des saisons, qui se suivaient et se répétaient indéfiniment. Ainsi le calendrier des paysans épousaient très étroitement la succession des activités agricoles: labours, semailles etrécoltes rythmaient leur vie, de même que le calendrier agricoles s'imposait aux gens des villes. Empereurs, rois, papes, marchands et guerriers célèbres, les personnages importants de l'histoire médiévale appartenaient à l'élite de la société, qui ne regroupait pas plus de 5% de la population. Qui étaient les 95% restants ? Pour l'essentiel, c'étaient des paysans, des travailleurs de la terre. Depuis toujours, et jusqu'au début de XIXe siècle, ils représentèrent la base matérielle, le fondement de l'activité économique et de toute la civilisation européennes. Le dynamisme des marchands et des artisans fit la prospérité des cités médiévales, mais ce sont les paysans qui nourrissaient les citadins. Le travail de la terre était pénible, astreignant et laborieux. Mais, bien organisé et de plus en plus efficace, il permit à l'Europe de survivre et de prospérer. Rarement évoqué par les chroniqueurs, ce peuple qui vécut dans les campagnes fut cependant l'obscur artisans de l'histoire médiévale. Les serfs de la glèbe Les paysans, les serfs de la glèbe - c'est-à-dire de la terre, au sens de sol cultivé - faisaient partie du domaine. Lorsque celui-ci était vendu ou partagé, ils passaient d'un maîtreà l'autre à peu près de la même manière que lesanimaux de la ferme. Celui qui naissait fils de paysans connaissait à l'avance son destin : il deviendrait un paysan comme le seraient à leur tour ses enfants et petit-enfants. Mais le servage n'était pas à proprement parler d'esclavage, même si la condition des serfs était, dans les faits, très proche de celle des anciens esclaves. Dès la fin de l'Empire romain, l'esclavage avait reculé sous l'influence de la nouvelle organisation économique et sociale, qui suppléait l'État en pleine décomposition. De plus, l'Église "condamnait" l'esclavage. Les serfs avaient beaucoup d'obligations, mais ils avaient des droits; ils étaient considérés comme des personnes et non comme des choses (le philosophe grec Aristote parlait des esclaves comme des "instruments vivants de travail"). Aucune loi ne les obligeait à rester liés à la terre : théoriquement, ils pouvaient quitter le domaine à tout moment. Un historien du Moyen Age put ainsi écrire : "les serfs jouissent de ce privilège : ils ne peuvent être chassés de la terre." Était-ce donc un privilège que d'être serf ? A cette époque, cela pouvait se concevoir. La moisson : miniature du XIIIe siècle. Escurial, bibliothèque royale (Espagne). La moisson. Dans tous les terroirs du royaume, la culture des céréales était la culture la plus nécessaire. Il fallait obtenir des récoltes de plus en plus abondantes pour nourrir un nombre d'hommes allant sans cesse croissant jusqu'à la fin du XIIIe siècle. Les grains (froment, seigle, orge, avoine) poussaient donc partout, sur les sols riches comme sur les pauvres, et épuisaient très vite la terre. D'où le recours à la jachère, aux engrais (insuffisants) et à la rotation des cultures. Manants et alleutiers Le phénomène du servage se généralisa en Europe du Nord. En témoignent, par exemple, les vocables que l'on retrouve dans plusieurs langues européennes. Du verbe latin manera (signifiant "résider", "rester") dérivèrent les mots mansus ou manse, c'est-à-dire les champs, l'étable et la maison des paysans. En français, le paysan fut appelé manant, celui qui "reste" sur la terre. En italien, le mot mansions désigna les obligations et les tâches qui incombaient au paysan dans son travail. Dans ces deux langues, l'habitation de la ferme fut appelée maison et magione.. Plus au nord, en Angleterre, les seigneurs appelèrent manor, manoir, le petit château construit à la campagne pour surveiller et protéger les champs. A côté des serfs subsistaient des paysans libres qui étaient propriétaires de leurs terres ou alleux. Les alleutiers, comme on les appelait en France, étaient fort nombreux dans l'Europedu Sud. La taille de la vigne : miniatiure du XIIIe. Escurial, bibliothèque royale (Espagne) La taille de la vigne. Chaque région du royaume produisait son vin, et souvent du bon vin, même dans des conditions climatiques ou géographiques souvent peu favorables. Les techniques de la viticulture avaient accompli d'énorme progrès depuis l'époque carolingienne; au XIIIe siècle, elles atteignirent un degré de perfection qui ne fut pas dépassé avant le XIXe siècle, c'est-à-dire avant la crise du phylloxera. Campagne et ville : le fossé s'agrandit Au Moyen Age, la séparation entre ville et campagne était moins nette qu'aujourd'hui. Autour des remparts de la cité, et même à l'intérieur de ceux-ci, s'étendaient champs, jardinset près. Mais la spécialisation technique, accentuée par le développement des activités économiques - le commerce, l'artisanat et les travaux administratifs et intellectuels en ville, les cultures et l'élevage à la campagne - entraîna une séparation plus marquée entre la ville et la campagne. Chaque type d'activité favorisait une façon de penser différente. La vie des paysans épousait le rythme des saisons, les mêmes travaux se répétant d'une année à l'autre; le temps était conçu sous la forme d'un cycle, où l'on revient toujours au point de départ, à l'image des saisons. Les transformations à la campagne étaient moins nombreuses et moins rapides qu'en ville. La vie citadine, au contraire, favorisait le contact entre les individus, la diffusion des connaissances techniques et intellectuelles. L'habitant des cités apparaissait comme plus libre, moins soumis aux contraintes de la nature que le paysan. Aussi les villes médiévales furent-elles très tôt, pour le serf, des havres de liberté. L'Europe façonnée par la main de l'Homme Au début du Moyen Age, l'Europe était une étendue inculte et sauvage, appauvries par le passage des tribus barbares. La transformation de ce continent est le résultat du labeur ininterrompu commencé à l'époque médiévale, et en particulier des grands défrichements qui remplacèrent à partir de XIe siècle les forêts du Bassin parisien, de Bourgogne ou de l'Allemagne du Nord par des paysages façonné par l'Homme. L'abbatage du porc. Miniature du XIIIe siècle Le manse, cellule de base La terre appartenait au seigneur était divisée en deux parties. La première était appelée réserve domaniale (du latin dominus, maître). En plus du château ou de la maison de campagne seigneuriale, elle comprenait les champs, les vignes, les pâturages, les forêts, terrain de chasse du seigneur. Elle comprenait également le village installé autour du château, avec le four, le moulin et les quelques artisans indispensables à la communauté : forgeron, sellier, etc. Le reste du domaine était divisé en manses, ou tenures, attribués selon leur étendue à une ou plusieurs familles paysannes. Le manse était la cellule fondamentale de l'économie agraire du Moyen Age. L'habitation du paysan et le potager attenant se trouvaient là. Le serf pouvait disposer entièrement des produits du potager, ainsi que de sa basse-cour et du porc, qui était la source à peu près unique de protéines animales, ans la mesure où n'on utilisait le bœuf quepour le trait et le mouton que pour la laine. Le serf avait le droit de faire paître ses bêtes sur les champs en jachère, les terrains non cultivés ou la forêt du seigneur, où il trouvait également le bois nécessaire au chauffage de sa maisonnée. Les devoirs du serf En échange de la terre et de la protection militaire que lui accordait le seigneur, le serf était tenu de remettre une partie de la récolte, de payer des taxes et de participer gratuitement à certains travaux appelés corvées. Celles-ciconsistaient en une aide à des tâches déterminées sur les terres du seigneur : labours, récoltes, sarclages, les autres travaux étant exécutés par des ouvriers agricoles rémunérés par le seigneur. Les serfs devaient aussi transporter les produits du château au marché, servir à l'occasion de messagers ou de main-d'œuvre bénévole quand des travaux étaient entrepris sur le domaine : construction d'une route ou d'un pont, creusement d'un puits ou réparation des murs du château. Du servage au fermage Les besoins en argent des seigneurs s'accrurent tout au long du Moyen Age; c'était une conséquence de l'enrichissement général, qui se manifestait, par exemple, par la multiplication et la plus grande variété des produit disponibles sur les marchés. Et n'oublions pas que les seigneurs devaient payer les salarié agricole, les soldats, etc. Les paysans, eux, se procuraient quelques revenus en vendant au marché le surplus de leurs récoltes qu'ils ne consommaient pas. Cet apport d'argent contribua à modifier leur condition. En payant une certaine somme au seigneur, ils pouvaient se libérer, au moins en partie, des corvées ainsi que des éventuelles réquisitions militaires. Par un mouvement très lent, mais qui était général dans toute l'Europe, seigneurs et paysans trouvèrent un intérêt à transformer le rapport de bail à ferme. Cela signifiait que le propriétaire de la terre cédait au paysan le droit d'exploiter celle-ci à son propre compte en échange d'un loyer. Les condition du contrat, et en particulier le montant et la forme (paiement en argent ou en nature) du loyer étaient portées sur un livret, appelé dans certaines régions le libellus ou livellus. La proportion des fermiers qui avaient racheté leur servage augmenta tout au long du Moyen Age. Une conséquence de ce lent mouvement d'émancipation fut l'augmentation de la production. En effet, les fermiers avaient intérêt à améliorer le rendement de leurs terres puisque tout ce qu'elles rapportaient en plus du loyer du propriétaire leur revenait entièrement. De nouvelles techniques de culture Les paysans avaient constaté depuis longtemps que certaines cultures, particulièrement les céréales, appauvrissaient le sol, alors que d'autres, comme les légumes (dont les fèves et les petits pois, qui étaient les aliments de base auMoyen Age) l'enrichissaient. Pour éviter l'épuisement du sol, les agriculteurs de l'Antiquité avaient institué le système de la rotation biennale des cultures : un champs semé en céréales une année était laissé en jachère l'année suivante, c'est-à-dire qu'il était labouré mais non semé, et servait de pâturage. Cette mise au repos permettait au sol de recouvrer sa fertilité. Au Moyen Age, les paysans introduisirent le système du "troisième champ", ou assolement triennal. Un champ cultivé en céréales la première année, puis en légumes la deuxième année, était laissé en jachère l'année suivante. Le gain apporté par ce système était double : alors que, jusque-là, un champ sur deux demeurait improductif, il n'y en avait maintenant plus qu'un sur trois. Par ailleurs, les légumes semé sur le deuxième champ enrichissaient le sol tout en fournissant les aliments de base du paysan. On estime que la productivité de la terre augmenta ainsi de 50%. Il en résulta un accroissement des ressources alimentaires et des excédents que les paysans pouvaient vendre sur les marchés. Et comme les intempéries pouvaient détruire la récolte de froment ou de seigle, semée en automne, ou celle des fèves et de l'avoine, semé au printemps, mais rarement les deux la même année, l'existence des agriculteurs devint un peu moins précaire. Ces progrès furent bien sûr inégalement répartis, mais ils furent sensibles partout : ils contribuèrent puissamment à la relance générale de l'économie. Chronique du 16ème siècle 11 novembre 1500 18 août 1503 1er janvier 1504 31 Mars 1504 22 septembre 1504 4 novembre 1504 31 mai 1505 14 mai 1506 10 décembre 1508 14 mai 1509 24 février 1510 4 octobre 1511 1er novembre 1511 15 février 1512 19 février 1512 11 avril 1512 6 juin 1512 3 mai 1512 20 février 1513 11 mars 1513 6 juin 1513 16 août 1513 Septembre 1513 13 septembre 1513 9 janvier 1514 Avril 1514 18 mai 1514 7 août 1514 9 octobre 1514 1er janvier 1515 25 janvier 1515 4 mars 1515 24 mars 1515 9 août 1515 14 septembre 1515 13 octobre 1515 11 décembre 1515 13 août 1516 29 novembre 1516 10 décembre 1516 11 mars 1517 11 janvier 1519 31 mars 1519 28 juin 1519 2 mai 1520 juil-24 juin 1520 14 juillet 1520 3 janvier 1521 mars Début 1521 24 novembre 1521 27 avril 1522 29 mai 1522 novembre 1522 9 octobre 1523 Mort de 1524 30 avril 1524 24 février 1525 14 janvier 1526 17 mars 1526 6 juin 1527 24 juillet 1527 10 décembre 1527 22 janvier 1528 3 août 1529 1er juillet 1530 7 août 1530 Création de 1530 27 février 1531 François Ier 1532 8 décembre 1532 20 avril 1534 24 juillet 1534 17 octobre 1534 13 janvier 1535 21 janvier 1535 mai Seconde 1535 François Ier 1536 10 août 1536 Victoire de 1536 16 novembre 1537 18 juin 1538 14-15 juillet 1538 1er juin 1539 10 août 1539 31 août 1539 13 mai 1541 12 juillet 1542 30 août 1542 6 septembre 1543 10 septembre 1543 19 janvier 1544 14 avril 1544 18 septembre 1544 avril Destruction 1545 7 juin 1546 31 Mars 1547 DU COMBAT ENTRE L'OMBRE ET LA LUMIERE Le Moyen Age s'achève lentement, et surgissent ici et là des hommes dont les regards et les désirs se veulent tournés vers un avenir qu'ils pressentent comme nouveau et positif. L'apparent paradoxe, c'est que ce sont des humanistes, c'est à dire des savants oeuvrant à la redécouverte de la littérature et des philosophies gréco-latines qui réclament des changements dans tous les domaines. RABELAIS, jeune moine érudit écrit à BUDÉ, le plus grand savant de France, qu'il est grand temps de se tourner vers la lumière du soleil (de l'intelligence et du savoir). Le seizième siècle connaît une très forte progression des prix, ce qui entraîne dans sa seconde partie un appauvrissement du monde rural et des classes populaires urbaines (voir la Grande Rebeyne à Lyon) . La ration journalière de pain pour un travailleur manuel ou un agriculteur est de 1.7 Kilos. Ceci représente 89% des calories d'un paysan. LES TRADITIONALISTES La force qui s'oppose le plus aux évolutions et aux nouveautés reste l'Eglise. Tout du moins une partie agissante, nantie et dotée du pouvoir de juger. Contrairement à ce qu'on pourrait penser ce ne sont pas que des membres du haut clergé qui freinent les changements. Il est des évêques qui sont conscients des réformes nécessaires à l'insertion de la foi dans un monde qui bouge, qui ne se satisfait plus d'une croyance béate, et dont le discours est en complet décalage avec les pratiques scandaleuses de certains. Mais ce sont les théologiens, coupés des réalités du monde, et parmi ceux-ci les français de la Sorbonne, qui occupent une place centrale dans l'opposition à toute pensée nouvelle. Ils ont sur les questions religieuses une approche scolastique héritée du Moyen Age. Un ami d'ERASME écrivait en 1517 " j'ai assisté récemment à unedispute en Sorbonne.....on n'en voulait pas peu à Adam, notre premier père, de n'avoir pas mangé des poires au lieu de pommes, et tous ces hommes graves contenaient à peine leur indignation."... LE POUVOIR L'Eglise et ses théologiens ne sont pas seuls du côté de la tradition. Le pouvoir politique en est aussi, qui évoluera d'un côté ou de l'autre, selon ses intérêts. L'Etat asa part de responsabilité dans la répression et le contrôle des consciences en instituant la censure. FRANCOIS 1er pourtant favorable à la nouveauté s'effraye des conséquences des idées nouvelles sur son propre pouvoir. Favorable aux HUMANISTES, il va s'opposer à la Réforme luthérienne. Son conseiller Antoine DUPRAT l'y incite tant par conviction que par intérêt personnel, naturellement porté dans ce sens par crainte du changement et la difficulté de maîtriser ce nouveau vecteur d'information et de liberté de conscience qu'est LE LIVRE. LES REFORMES L'Italie, mère des arts et dépositiaire des savoirs grecs et latins crée la Renaissance et stimule LES HUMANISTES, qui cherchent une voie nouvelle de croire en Dieu et d'envisager le monde. Leur rigueur intellectuelle ne se dérobe pas au doute et entraîne une remise en question d'un certain nombre de pratiques religieuses et de modes de pensée. ERASME en est la figure emblématique. Mais c'est l'Allemagne qui produit LA REFORME. Particularisme culturel ? Très germanique sens du sérieux ? REUCHLIN, MELANCHTON et LUTHER sont des clercs en révolte par qui l'Europe du Nord va basculer dans un mouvement d'émancipation de la tutelle papale. Le Sud reste catholique. Entre les deux, la France, mi-latine mi-nordique, produit avec CALVIN son propre mouvement Réformé. Contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer, l'austérité ne sera pas au Nord. LUTHER mêle joie et foi, et reconnaît au corps des droits et des plaisirs. Mais la branche allemande comme la française vont devoir lutter pour résister à leur destruction programmée par les "Papistes". Et les deux camps antagonistes se retourneront contre les véritables penseurs de liberté, les HUMANISTES. RABELAIS partage avec ERASME le privilège d'avoir été vilipendé ou inquiété physiquement par la Sorbonne et par les Réformés. AUX LECTEURS lL y a toujours quelque chose de périlleux à vouloir parler d'un homme qui vécut il y a près d'un demi-millénaire, d'une oeuvre qui raconte, entre autres choses, des histoires de Géant, de Dive Bouteille et de Moine soudard, et d'une moitié de Siècle qui évoque pour les français une certaine douceur de vivre et pourtant, il y a curieusement des similitudes frappantes entre ce temps là et le nôtre....C'est cette période de transformations, de mutations de combats d'idées et de réactions parfois violentes que j'ai appelé le GRAND CHARIVARI. L'UNIVERSITE DE PARIS AU XVIè SIECLE LA VIE ETUDIANTE Les étudiants pauvres vivent aux collèges ou dans des institutions prévues par "pays". Les clercs peuvent trouver refuge dans les monastères de Paris. Mais une grande partie des étudiants logent sous les toits, parfois en compagnie desfilles de joie qui exercent cette fonction libérale dans les étages des hôtels. C'est ce que l'on appelait " faire école de petite vertu ". Et le roi Charles V est obligé de faire fermer par des chaînes certaines rues du Quartier Latinqui sont notoirement des lieux de débauche. Les rixes dans la rue sont courantes: tout le monde est armé. Les habitants du quartier Latin eux-même sont forcés de s'organiser en milices car les soldats du roi ne peuvent pas faire leur travail de police sous peine de se voir agresser par les étudiants LES COLLEGES Depuis les origines de l'Université à Paris, l'enseignement se fait dans des institutions financées et créées par de richevue de montaigus mécènes, princes, comtes ou prélats qui désirent soit laisser un nom, soit permettre aux jeunes gens de leur province de se former à PARIS. C'est ainsi que sont nés les Collèges de NAVARRE, celui du Cardinal LEMOINE, ou le Collège de MONTAIGU . Tous ces collèges se situent sur la Montagne Ste Geneviève, dans le Quartier Latin. MONTAIGU Cet antre du conservatisme pvalueédagogique et religieux est de façon surprenante le lieu où vont se croiser tous les hommes qui vont compter dans le domaine de la pensée de cette première moitié du 16ème siècle. ERASME y est élève et y enseigna peut-être; RABELAIS fréquente probablement ses bâtiments situés dans la rue des Sept-Voies, près de l'Eglise Ste Geneviève. CALVIN et LOYOLA y suivent des cours ensemble au même moment. VILLEGAGNON, un explorateur, y suit sa formation en latin. Enfin, Noël BEDA en est le Recteur après y avoir été élève. LA RELIGION AU XVIè SIECLE PAROLE DU POUVOIR, POUVOIR DE LA PAROLE On ne peut saisir tout à fait les enjeux et les conflits du seizième siècle sans avoir en tête ce que représentait, pour les hommes de cette époque, le sentiment, les pratiques et les institutions religieuses. De bout en bout, le siècle est traversé par la question religieuse. Mais on ne peut comprendre tout à fait l'homme religieux de ce 16ème siècle qui débute, sans saisir l'importance de la PAROLE . "Nous ne sommes hommes et ne nous tenons les uns aux autres que par la Parole" dit Montaigne dans ses Essais (Livre Premier) Mais la Parole n'est pas qu'un créateur de lien social : dans une société qui compte pas moins de 90 pour cent d'analphabètes, une grande partie de la transmission des connaissances passe par l'oral. C'est une des caractéristiques majeures de ce Siècle qui va voir le fantastique développement de l'écrit. UNE SOCIETE RELIGIEUSE La société du seizième siècle est une société religieuse. L'Eglise et le dogme chrétien sont le référent suprême. Si le Roi et l'Etat commencent à dominer progressivement l'organisation de la société y compris dans sa hiérarchie religieuse, (voir concordat) la pensée, elle, reste totalement soumise au religieux. Le petit peuple de la Renaissance demande à ses prêtres peu de choses. Mais ce sont à ses yeux des choses fondamentales : un bon prêtre doit savoir administrer les sacrements et doit savoir prêcher. Pourquoi le prêche ? Sans doute parce que comme le fait remarquer Montaigne, y a dans toute société la nécessité d'adhérer à un certain nombre de croyances, de tisser des liens sociauxet de ritualiserchaire transportable ces liens sociaux. DES PROFESSIONNELS DE LA PAROLE La fonction de prêcheur est, de fait, la plus importante de toutes les autres fonctions. C'est même une spécialité. Prêcher, c'est affirmer la ligne de l'Eglise, de la même manière que quatre siècles plus tard les Commissaires Politiques "prêcheront" aux masses prolétaires la ligne du Parti. Prêcher consiste à annoncer la "bonne parole", celle du Christ. Mais pas n'importe comment, ni n'importe laquelle. Pour être un prêcheur autorisé au seizième siècle, il estindispensable d'être passé par les écoles théologiques, dont la Sorbonne est la plus importante en Europe. On s'y bouscule en venant parfois de loin . UNE DOCTRINE INTOLERANTE Les professeurs, docteurs en théologie de la Sorbonne, jouissent d'une renommée et d'un pouvoir importants. Ils sont habilités à examiner et analyser toute parole, écrite, professée, dite (ou non-dite) religieuse ou pas (le problème ne se pose d'ailleurs pas puisque tout est pensé, jugé en fonction de la religion), et en estimer la validité ou l'hérésie par rapport à la doctrine de l'Eglise. L'AMOUR AU XVIè SIECLE MIGNONNE ALLONS VOIR... On a de l'amour au seizième siècle une image sans doute édulcorée ou déformée couplepar la littérature, particulièrement celle des poètes tels que Pierre de RONSARD, Joachim DU BELLAY ou Maurice SCEVE. C'est une réalité : une certaine forme d'amour courtois semble se développer dans les couches supérieures de la population. LE CLERGE AU XVIè SIECLE : LES JESUITES Imaginés en 1525 en Espagne par Ignace de Loyola, réunis à Paris autour de lui à Montmarte en 1534 pour prononcer leurs voeux, les fidèles d'IGNACE vouent au Pape une obéissance "spéciale", qui va au-delà de tout engagement monastique classique. Cette obéissance ira parfois contre leurs propres intérêts locaux, les rois voyant d'un oeil suspiscieux ces formateurs des élites ne rendre de comptes qu'au représentant de Dieu à Rome, et non à leur propre autorité, fût-elle religieuse. UNE FORMATION POUSSEE La formation des Jésuites est spécifique : les anciens ordres ne réclamaient qu'un an de noviciat avant la profession solennelle. Mais le futur Jésuite doit d'abord subir une probationde deux années, au bout desquelles il émet les premiers voeux qui constituent le premier degré, celui des scolastiques, pour ceux qui sont désormais destinés à la prêtrise, ou des coadjuteurs temporels approuvés qui eux seront employés aux offices domestiques. Ils doivent ensuite consacrer cinq années à l'étude de la philosophie et des sciences (scolasticat) plus cinq années où ils doivent s'adonner au professorat, quatre à cinq années encore en étudiant la théologie les mènent vers le sacerdoce. Pour parachevercette formation le Jésuite doit retourner au noviciat pour une troisième année de probation consacrée aux Exercices Sprirituels. UN ORDRE CONTESTE Les Jésuites vont produire au cours des siècles un énorme travail de formation des élites dans leurs collèges, et des écrits importants, que ce soit dans le domaine de la foi comme dans ceux des sciences ou de la réflexion socio-politique. Dès la fin du Seizième, d'ailleurs, ils seront condamnés par le Parlement de Paris pour un écrit de Mariana, un jésuite Espagnol qui publie "DE REGE" en 1599. Pourquoi ? Il y justifie le meurtre des rois tyranniques. Le "Rendez àCésar ce qui est à César" n'est plus de mise : les Jésuites descendent dans l'arène de la chose publique. Avec parfois une vision que des utopistes voire des communistes ne renieraient pas (voir le film "Mission" de R.Joffé) Leur rôledans le meurtre du roi de France Henri III par leur élève Jacques Clement paraît évident . TROMPER OU NE PAS ETRE Les oeuvres de RABELAIS devraient nous mettre la puce à l'oreille.. PANURGE dans le TIERS LIVRE puis dans le QUART LIVRE ne cesse de se poser la question du mariage et du cocuage. Sur le mariage, Panurge reprend un argument tiré d' un texte plus sérieux d'ERASME, la "DECLAMATION DES LOUENGES DE MARIAGE" traduit par BERQUIN, en 1525, qui fit sensation en son temps. Mais s'il semble se résoudre à l'idée d'être marié ( et cela ne va pas de soi ) la vraie question est d'être ou non cocu. LE MARIAGE AU SEIZIEME SIECLE L'état légal du mariage est autorisé à partir de 14 ans pour les garçons et 12 ans pour les filles. Il est difficile de faire la distinction entre les lois civiles de l'époque etcelles venant du système répressif de l'Eglise. Celle-ci prononce les délibérés, mais elle donne au pouvoir civil le soin d'en assumer les conséquences. La mésalliance constitue un tel scandale que Pierre MilLHARD conseille dans son "GUIDE DES CUREZ" de ne pas publier les bans dans 5 cas : Si les époux sont de grands seigneurs il est inutile de faire un contrôle - Un gentilhomme épouse une fille de moindre qualité - Un riche épouse une fille pauvre - Un homme âgé se marie avec une jeune fille - Un homme épouse une femmede mauvaise réputation. DES GUERRES SANS FIN Les guerres incessantes se déroulent à l'époque de François 1er. Du début jusqu'à la fin de son règne la France n'aura presque pas de répit. En 1536 le pays sera même envahi par les Impériaux alliés avec les Anglais pour l'occasion. Les troupes de Charles Quint approcheront jusqu'à deux cents L'Assautkilomètres de Paris. Mais à l'échelle de l'Europe, la France est un pays très étendu,et de surcroît, elle est à cette époque le plus peuplé de tous. LE BAN ET L'ARRIERE BAN Vestige des temps anciens, on trouve encore le ban et l'arrière ban. Composé de tous les nobles possédant des fiefs qui doivent un soutien militaire au Roi. Les roturiers n'en font pas partie et payent une taxe estimée entre 15 et 20% du revenu foncier. LES COMPAGNIES D'ORDONNANCE Qu'on appelle aussi GENDARMERIE. Elles constituent la force principale de l'armée. C'est sa cavalerie lourde. Les hommes qui la composent sont des soldats volontaires, tous de souche noble. C'est une armée permanente, dont les personnels touchent une solde annuelle. Les compagnies sont logées dans des villes de garnison. Elles sont organisées en "lances". Chaque lance est un groupe de soutien du cavalier "lourd". Il se compose de deux artilleurs, haquebutier, d' un coutilier, chargé d'exécuter les cavaliers ennemis tombés en les poignardant à travers leurs cuirasse, et d'un ou deux valets qui font les petites tâches de soutien. 16 ème siècle: C'est notamment l'époque du règne de François 1er qui donne son impulsion à l'époque appelée la Renaissance. 17 ème siècle: 18 ème siècle 1789 : Début de la Révolution
prise de la bastille par le peuple de Paris (en fait une prison relativement peu gardée) Question pour tous: Quel jour la Bastille a-t-elle été prise ? Essayez de trouver quelques personnages connus de la Révolution. Quel a été leur rôle ? 1792 : Proclamation de la République 1804 : Napoléon, empereur. Période de guerres et de conquête qui s'achèvera en: 1815 : à la bataille deWaterloo qui marquera la fin de l'empire et le rétablissement de la monarchie. |